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22/03/2016

Le courage de changer (2)

changement extérieur, travail, santé, éducation socio-affective, nouvelles technologies (Photo- A Cimiez)

Changer à l’extérieur

Quand il y a trop de travail, ou quand il n’y en a pas, le stress est toujours présent. Dans les pays occidentaux, le stress provoqué par un travail excessif et frustrant est en nette augmentation. Mais celui qui n’a pas de travail est encore plus déprimé. Il ne s’agit pas seulement d’une question économique. Le chômage tue la libido, le chômeur vit l’absence de travail comme une véritable castration symbolique. Cela est vrai particulièrement dans l’univers anglo-saxon qui met l’accent sur la responsabilité personnelle, alors que le monde latin tend à projeter la responsabilité sur l’extérieur, en faisant par exemple endosser à l’Etat la faute d’un échec personnel. Le chômage suscite chez les hommes des réactions analogues à celles que provoque le viol chez les femmes. Ceux qui perdent leur travail sont impuissants, en colère et souffrent de symptômes dépressifs. On voudrait bien croire que le chômage serait parfois une chance pour apprendre à employer de manière plus créative un temps « libéré » plutôt que « libre » , mais malheureusement, l’expérience clinique semble prouver le contraire : quand le temps libre n’est pas choisi mais imposé, il devient un handicap très lourd, entraînant le manque de confiance en soi et un sentiment de méfiance généralisé. Faut-il comprendre la diminution du travail comme une libération ou comme une condamnation ?

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05/08/2015

Un progrès social possible

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(Photo -Fruits d'été)

 

Dire: "J'ai un revenu pour pouvoir travailler", et non pas "je travaille pour avoir un revenu". L'idée d'un revenu de base inconditionnel commence, depuis quelques années, à faire son chemin non seulement comme une impulsion culturelle, qui part de l'homme et de son besoin de s'épanouir, mais également comme une solution économique. Financiers, économistes, entrepreneurs, philosophes, sociologues, psychologues se penchent sur cette question, et beaucoup de leurs arguments pour apparaissent limpides, de bon sens, et réconfortants. Un mouvement prend contour dans plusieurs pays européens (la Belgique, l'Allemagne, la Finlande, même la France..). Pourrons-nous faire le saut vers un nouveau modèle social et de travail dans les années à venir? Car, si nous ne sommes pas tous des spinozistes, et donc convaincus que le sens d'un être humain est de parvenir à éprouver la joie de l'épanouissement au cours de son existence terrestre -seule et unique certitude, d'ailleurs -en revanche, nous pouvons tous essayer de réfléchir lucidement aux aspects pragmatiques de la consommation et de l'emploi. 

 

Prenons le temps pour regarder ce film suisse qui nous livre une information de qualité, ou pour parcourir le Livret du film en pdf. L'initiative en Europe concernant un revenu de base est récente (bien que cette possibilité ait pu être déjà formulée à différentes époques), et en France, encore plus récente -le mouvement est représenté par une association 1901, créée en 2013 et comptant quelques centaines d'adhérents..Ce n'est pas facile, pour une pareille idée..

Réalisé en 2008, qui se trouve être aussi l'année où CEFRO a été créée, le film me parle d'autant plus que je connais directement les effets pervers des impôts sur le travail/l'emploi. En tous les cas, je le recommande vivement, ne serait-ce que pour son excellent côté instructif et éducatif. Quant à la concrétisation de l'initiative, elle a besoin d'une réelle capacité d'adaptation aux actuels "temps modernes", et premièrement de courage de la part des Etats.

 

N.B. Pour lire ou relire d'autres notes traitant du sujet travail, il suffit de taper le mot dans la case Rechercher dans la colonne à gauche.  

 

12/03/2015

Refuser la manipulation

manipulation, entreprise, santé psychologique, travail, leaders, gestion(Photos Nice - Le fleuriste rue Hôtel des Postes)
 
D'après la définition courante, la manipulation consiste à orienter notre perception de la réalité, en entrant par effraction dans notre esprit pour y déposer une opinion ou provoquer un comportement, sans que nous sachions qu'il y a eu effraction. Donc il s'agit d'une violence psychologique différente de la violence physique, qui, elle, passe à l'action explicite. Dans une note antérieure, j'évoquais quelques aspects de l'abus émotionnel. On peut se poser la question à quel moment, et à quel degré, on est manipulé sur le plan social, politique, psychologique, puisque cette tentative est omniprésente. Supposons que vous tombiez sur un site de santé qui vous promet des révélations en la matière, et vous invite à visionner une vidéo de ce que des chercheurs bibliques viennent de découvrir: un mystérieux message de guérison, un code, caché dans la Bible. Après avoir écouté/lu pendant 15 minutes un enregistrement dans lequel la pseudo-science et les indices du dogme religieux sont subtilement dosés (21e siècle oblige), vous voyez, enfin, le message s'afficher: clic sur ce bouton pour réclamer une Encyclopédie naturelle de la guérison, dont l'auteur est Docteur chercheur évangéliste. Tout cela a l'air d'être un brin plus élaboré que les miracles par icônes et reliques, dans lesquels excellent d'autres cultes. Ou bien, supposons que vous soyez d'accord pour optimiser votre vie en 10 étapes (vous souscrivez aux leçons): la clé du bonheur; l'optimisme ou apprendre à contrôler son esprit; le sens et la conscience de soi; les objectifs ou comment les créer pour être réellement motivé et heureux; l'action; l'énergie (nutrition, exercice, repos); la sagesse ou comment devenir un amoureux de la sagesse (alias un philosophe); le courage ou comment se débarrasser de ses peurs; l'amour ou comment optimiser ses relations; comment se connecter au plus haut de la sagesse qui se cache à l'intérieur de soi. Simple, pratique, rapide. L'auteur qui vous propose cette optimisation clé en main possède un diplôme en psychologie et business, et a déjà levé 8 millions pour créer une plateforme de design et de sports. 
Tout choix est une question de discernement, et pour que celui-ci arrive à opérer, il y a une condition: il faut consacrer un peu de temps à la réflexion. C'est un vrai travail et il paie, mais autrement. 

 

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25/02/2015

Le bore out

Rifkin livre.jpgDans un monde où l'emploi est rare et la quantité de travail insuffisante, les répercussions de ces aspects sur la santé psychologique et sur le bien-être en général sont de plus quantifiables. Au stress financier de se retrouver au chômage s'ajoute un autre stress, et celui-ci risque de produire des changements dans les traits, en principe stables, de la personnalité, et qui font les différences individuelles: l'agréabilité, la conscience, l'extraversion, l'instabilité émotionnelle, l'ouverture. Les femmes et les hommes réagissent différemment, comme le montre une étude récente: par exemple, l'agréabilité, particulièrement valorisée chez les femmes au travail, enregistre une baisse plus significative lorsqu'elles se retrouvent au chômage, tandis que la conscience diminue davantage chez les hommes sur la durée de leur chômage. Néanmoins, si ne pas avoir un emploi peut causer des dégâts, souvent en avoir un peut générer aussi de la souffrance. Le burn out est l'épuisement par la surcharge de travail, le bore out est l'épuisement par l'ennui au travail, et il peut entraîner la mort. Depuis quelques années, on se penche sur la question du bore out, mais les observations des scientifiques datent depuis beaucoup plus longtemps. En 1958 déjà March et Simon notaient qu'il n'existe aucune limite à la quantité d'inactivité que les organisations peuvent absorber, et en 1995 Jeremy Rifkin a prédit la fin du travail. Le livre des deux consultants d'affaires suisses Peter Werder et Philippe Rothlin Diagnosis Boreout paru en 2007 analyse ce syndrome occidental qui consiste à ne plus avoir assez de travail pour occuper les salariés, même les plus talentueux. Une simple recherche en ligne nous conduit à un certain nombre de livres traitant de ce sujet ces dernières années. Selon une enquête européenne menée en 2008 sur 11238 personnes venant de 7 pays européens et publiée en 2011 dans la Revue Internationale de Psychologie, 32% des salariés européens occupent un emploi où ils n'ont rien à faire. Un sentiment de frustration apparaît lorsqu'on est dans l'incapacité de contribuer au développement de l'organisation, d'utiliser ses connaissances et ses compétences, ou de voir ses efforts reconnus. Comme à chaque fois quand il s'agit de préserver son estime de soi ou son image, la personne va mettre en place des stratégies pour donner une apparence de stress ou d'activité, ou pour masquer l'évitement de tout travail ennuyeux supplémentaire. 
 
Normalement, l'être humain devrait fonctionner au mieux (et non pas au-dessous) de ses capacités, dans un équilibre harmonieux censé lui procurer de la satisfaction par son activité et rendre possible sa créativité. Peut-être qu'avant de compter sur une stratégie de l'organisation pour remédier à l'inactivité, et donc à l'épuisement par l'ennui au travail, nous pourrions travailler à une issue individuelle. En règle générale, nous sommes enfermés dans nos connaissances acquises grâce aux filtres de la perception, qui empêchent que nous soyons noyés dans le flux d'informations. Parfois, pour s'ouvrir à d'autres connaissances, il faut oublier les connaissances acquises (il arrive que l'expertise rende aveugle, et que des détails soient perçus par des novices). Google et d'autres moteurs nous permettent d'accéder à pratiquement toutes les infos. Avec la globalisation, l'informatisation est la deuxième force qui façonne notre monde actuel. Bien sûr, il n'y a pas que les ordinateurs et Internet, mais également d'autres technologies dont la caractéristique est de transférer l'information - les films, les médias, la télévision par satellite, les télécommunications. Peut-être que l'issue individuelle à l'épuisement par l'ennui est dans la créativité, qui de nos jours consisterait à poser un regard neuf sur le monde, à prendre diverses informations et à les combiner sans reproduire les schémas habituelles, en arrivant ainsi à quelque chose de nouveau. 
C'est un peu comme lorsque nous voulons nous débarrasser d'une habitude: la bonne stratégie est de la remplacer par autre chose. Dire "je ne veux pas faire cela" revient à se concentrer sur un but négatif. Or, il est plus facile d'apprendre que de désapprendre, notre système d'apprentissage étant un système actif, qui veut associer des comportements à l'environnement.