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01/09/2025

Notre intelligence émotionnelle est en baisse

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(Photo- Bonne rentrée!)

Le concept de développement durable s’élargit au-delà de son aspect environnemental et s’applique à notre bien-être émotionnel et social. Une étude réalisée en 2024 (6seconds.org) montre que nous sommes entrés dans une récession émotionnelle globale que l’on pourrait comparer à la récession économique. Les individus connaissent une diminution du bien-être, de la motivation, de l’empathie et de la capacité à gérer les facteurs de stress quotidien. Cela a des conséquences sur la santé mentale et l’engagement dans la communauté et la société.


Les indices de l’intelligence émotionnelle (IE/EQ) et du bien-être ont baissé de façon significative durant les quatre années consécutives depuis la pandémie de 2019. Les gens sont plus versatiles, moins capables de gérer les émotions, moins capables de se sentir connectés à l’empathie ou à un objectif. Ils sont moins capables de comprendre correctement et d’exprimer leurs sentiments. Ils sont fatigués, en burn out, ils se sentent seuls et isolés, et surtout ils ne s’épanouissent pas. Selon Gallup, sept personnes sur dix ont du mal à faire des progrès ou elles sont en souffrance. Alors le burn out, le désengagement et les défis de santé mentale augmentent. 

Le constat de cette baisse en intelligence émotionnelle indique une absence de durabilité dans la gestion de nos émotions, de nos relations et de nos prises de décisions. Quand les individus ou les compagnies donnent la priorité à l’efficacité à court-terme au lieu du bien-être émotionnel durable, alors le burn out, le désengagement et les défis de santé mentale augmentent. Et si ce phénomène perdure, le bien-être réduit au niveau global va avoir un impact sur la capacité des individus à rester efficaces dans leur travail, leurs relations, leurs vies. Or, si nous échouons à maintenir un bien-être durable, comment espérons- nous créer un monde durable ?

L’IA offre efficacité, vitesse, innovation. Mais sans l’influence guidée de l’intelligence émotionnelle, elle risque d’accentuer le détachement, la réflexion à court terme. L’IA est fortement optimisée pour le rendement et non pour le bien-être. Plus nous ferons la demande croissante de nous adapter et d’être en concurrence avec la machine, plus notre stress et notre désengagement émotionnel augmenteront. L’empathie et la connexion humaine (les deux éléments qui soutiennent l’efficacité à long terme) risquent d’être mises de côté. C’est pourquoi, l’intelligence émotionnelle devient une ressource-clé pour prendre des décisions qui mettent en équilibre des gains à court terme et du bien-être à long terme : cultiver la résilience et la capacité d’adaptation face au changement, renforcer la collaboration et l’action collective vers des buts durables. Le développement durable n’est pas seulement la conservation de l’environnement, mais aussi le caractère durable de notre bien-être émotionnel et social.

Nous savons maintenant que le contrôle ou plutôt la gestion de nos émotions ne signifie pas fermer nos émotions mais les écouter. Il existe des méthodes basées sur la neuroscience et sur la théorie des émotions (Adaptive Theory of Emotions) qui partent de l’observation fondamentale que nos émotions existent parce qu’elles ont un rôle d’adaptation. Nous n’avons pas besoin donc de supprimer nos émotions pour les contrôler, nous pouvons les accepter, les explorer, les transformer. Elles sont des messagers chimiques, produits dans le cerveau (l’hypothalamus), se propagent dans tout le corps et nous préparent pour réagir à l’opportunité ou à la menace. Ces messagers chimiques se propagent en cascade, dans une réaction en chaîne. C’est Antonio Damasio, neuroscientifique et pionnier dans l’étude de l’émotion et de la prise de décision, qui a montré que l’émotion n’est pas un défaut mais une caractéristique de notre biologie. Les émotions ne sont pas juste du bruit, mais des réponses enracinées dans des processus neuraux et physiques qui ont évolué pour nous aider à survivre.

Les émotions forment nos expériences, elles changent notre corps et notre cerveau continuellement et automatiquement (tout comme les changements dans la fréquence cardiaque, la posture, l’activité du microbiote). Nous ne pouvons pas nous en débarrasser, les ignorer, mais travailler avec, et pour cela il faudra commencer par abandonner le mythe selon lequel certaines émotions sont  négatives ou mauvaises. Elles nous informent simplement. Quand les gens parlent de contrôler ses émotions, ils veulent dire les supprimer. On sait quel en est le coût : communication perturbée et niveaux élevés de stress, ce qui est mauvais pour soi-même et pour les autres. Au lieu de supprimer, pourquoi ne pas les regarder avec compassion ou bienveillance ? Valider ne veut pas dire approuver, mais témoigner. Ecouter sans juger. Autrement dit, notre état d’esprit concernant nos émotions change notre biologie. Il existe de nombreuses méthodes et techniques pour naviguer à travers nos émotions afin de les approcher, les comprendre, les transformer.

Arrêtons-nous un peu sur la technique de la méditation de la pleine conscience, qui a connu un immense succès. Rappelons que la pleine conscience consiste à porter attention au moment présent, aux pensées, aux émotions, aux sensations physiques et à l’environnement de façon délibérée et sans porter jugement ou poser d’étiquette (émotion incorrecte ou sensation indésirable). C'est le philosophe écrivain Alain Watts qui, il y a plus de cinquante ans, rendait public le concept de vivre en présence, concept dont les racines se trouvent dans la sagesse orientale qui enseigne comment traverser la vie éveillé et en habitant notre expérience.

Depuis que la pleine conscience est quelque chose que nous pouvons pratiquer librement, elle semble être devenue le médicament tonique parfait contre le stress ou les problèmes de santé. La pleine conscience est un type de méditation bouddhiste qui consiste à nous concentrer pour être conscients de ce que nous ressentons, pensons, et sur nos émotions dans le moment présent. C’est une notion indienne ancienne qui remonte à il y a 1500 ans et qui signifie  « l’attente juste ». De nombreuses études scientifiques parlent de la capacité du cerveau de se remodeler dans la pratique répétée. C'est grâce à cette neuro-plasticité que le développement personnel est possible, et la résilience aussi. "Nous sommes ce que nous faisons régulièrement. L'excellence n'est pas un acte, mais une habitude", écrit Aristote. Nous pouvons remodeler notre cerveau aussi longtemps que l'oxygène et le sang traversent notre corps. Ce qui revient à dire que nous n'avons pas d'excuse quand il s'agit de former de nouvelles habitudes (penser au changement nécessaire, à l'adaptation, à la résilience). Bien avant que la science occidentale ne reconnaisse le concept de neuro-plasticité, le bouddhisme parlait de souplesse : l'expérience répétée peut changer le cerveau. A présent, les chercheurs s'intéressent aux résultats observables de la méditation sur le cerveau, en tant qu'effet d'entraînement. Exactement comme d'autres habiletés mentales, la résilience peut être cultivée et développée à l'aide de la méditation.

 Mais la méditation et la méditation de la pleine conscience ont un côté sombre que nous négligeons souvent. The Oxford Handbook of Meditation (2020) est un ouvrage complet et accessible sur la méditation - histoire, techniques, approches multidisciplinaires (neuroscience, psychologie, histoire, anthropologie, sociologie), potentiel thérapeutique mais aussi effets inhabituels ou négatifs. Dans deux articles parus dans Atlantico (2024) et The Conversation (2025), l’auteur de l’ouvrage, Miguel Farias, qui travaille sur la psychologie des croyances et des pratiques spirituelles, revient sur le sujet de certains symptômes de dépression ou d’anxiété pouvant apparaître après la méditation: La méditation peut avoir des effets néfastes et même aggraver les problèmes de santé mentale. Les bouddhistes parlent d’une voie vers la libération à travers la concentration parfaite ou la perspicacité surnaturelle, ou à travers une combinaison des deux. Néanmoins, les bouddhistes considèrent que certains effets indésirables, comme l’incapacité à atteindre la concentration et la possibilité que le surnaturel tourne mal, sont des maladies qu’ils appellent maladies de la méditation.

Sur ce blog, retrouvez plusieurs notes au sujet de la méditation et de l’inquiétude :

http://www.cefro.pro/archive/2014/09/07/les-nouvelles-psy...

http://www.cefro.pro/archive/2015/03/25/meditation-et-the...

http://www.cefro.pro/archive/2018/04/30/neurosciences-man...

http://www.cefro.pro/archive/2014/12/05/des-idees-qui-fon...

http://www.cefro.pro/archive/2017/08/30/la-recherche-actu...

 

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