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02/10/2014

Nouvelles spiritualités

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(Photo of Earth's atmospheric layers, reveling the troposphere, stratosphere and above)

Depuis une vingtaine d'années, le monde moderne connaît le développement du phénomène religieux désinstitutionnalisé, par rapport aux grandes traditions religieuses occidentales. Notre sensibilité spirituelle se modifie, l'expérience devient le critère de la spiritualité authentique, dont l'objectif est la transformation de soi. Une idée fondamentale est présente dans toutes les pratiques psycho-corporelles ou psycho-ésotériques (ou même dans les états modifiés de conscience, idéalisés par les penseurs New Age): celle de la responsabilité de chacun pour son perfectionnement personnel et spirituel. Il s'agit d'un travail psycho-spirituel sur soi et de l'apparition d'un nouvel humanisme aux dimensions spirituelles. Cet humanisme-sagesse contient des valeurs qui appartiennent au fond commun des diverses traditions humanistes: la dignité de tous les hommes et leur perfectibilité, la tolérance, le respect de l'autre, le dialogue. Un article de la revue Psychologies paru en 2000 et intitulé "Et si l'on essayait la sagesse?" identifie ces piliers de la sagesse: le respect de son corps (premier pas vers un mieux-être); l'intériorité (être à l'écoute de soi-même); la disponibilité au réel (éviter les blocages psychologiques qui font écran entre nous et cette perception essentielle qu'est le réel); la distanciation/le détachement (connaître et gérer ses émotions); vivre au présent; apprivoiser la mort (vouloir l'oublier ou en avoir peur, c'est fausser notre équilibre présent, mais il n'est pas besoin de croire à une vie ultérieure ou éternelle). L'idée de vivre pleinement au présent pour mener une vie satisfaisante et qui ait du sens n'est pas nouvelle. C'est le philosophe écrivain Alain Watts qui, il y a plus de cinquante ans, rendait public le concept de vivre en présence, concept dont les racines se trouvent dans la sagesse orientale qui enseigne comment traverser la vie éveillé et en habitant notre expérience.

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28/07/2014

Parole et émotion

parole, émotion, raison, philosophie, scolastique, science, décision, cerveau La conscience du pouvoir magique de la parole, qu'elle soit bonne ou mauvaise, est déjà profondément ancrée dans l'univers médiéval, construit sur l'antinomie vertu/péchéTrès tôt, le système des péchés a été organisé et hiérarchisé en péchés capitaux ou mortels et péchés mineurs ou de seconde zone. Il faut observer que les enfants de chacun des sept péchés capitaux (l'orgueil, l'envie, la colère, la tristesse, l'avarice, la gourmandise, le vice) sont les péchés de la langue, c'est-à-dire les mauvaises paroles produites par le coeur et par l'esprit des pécheurs, et véhiculées à travers la dangereuse porte de la bouche, par la langue. L'univers de la communication verbale dans la société de l'Occident médiéval exigeait une discipline de la parole, et c'est le système scolastique qui a posé les bases d'une casuistique de la parole. Un traité inédit, conservé à Oxford, De lingua, du XIIIe, situe le péché de langue à l'intérieur du péché de gourmandise, défini comme l'ensemble de deux grands domaines, celui du goût et celui de la parole. Il n'y a pas de grand théologien de l'époque qui ne parle dans son système du "peccatum oris", du fait qu'il y a opposition entre parole bonne et parole mauvaise, comme entre vice et vertu. "La grâce de parole" est un  thème qui préoccupe beaucoup les esprits de l'époque, et tous sont d'accord que ses fruits sont des vertus telles la capacité et l'habileté à bien parler, la ferveur, le discernement.. On peut remarquer que les actes verbaux ne font que traduire des valeurs éthiques, harmonieuses ou désordonnées. 

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07/07/2014

Esprit et corps/conscience et cerveau

(Photo credit: Gaia ESO project -The Milky Way's disc)image002 Gaia -ESO project -the Milky Way's disc.png
 
Le débat esprit/cerveau (âme/corps) se poursuit depuis l'antiquité. Pour Platon l'âme est le siège de la sagesse, celle-ci ne pouvant exister dans le corps physique. Rappelons aussi que jusqu'au XVIe siècle, le soin de l'âme était plus important que le soin du corps, et aussi que c'était le coeur qui renfermait la sensibilité, la mémoire, l'intelligence, le courage. Descartes identifie l'esprit à la conscience, et à la conscience de soi, en le distinguant du cerveau, même s'il considère le cerveau le siège de l'intelligence. C'est le XIXe qui va découvrir effectivement le rôle du cerveau. Pour le philosophe et le psychologue Emilio Ribes Iñesta, l'esprit est une interaction, une forme de relation. Selon lui, pendant des siècles, l'humanité a confondu cette interaction avec le sujet, le moi, la personnalité. Le sujet n'est qu'un des deux termes de la relation, l'autre est le milieu, l'environnement, l'esprit ne peut donc se réduire à aucun des deux termes, ni encore moins habiter l'un d'eux, car les interactions ne possèdent pas d'attribut d'extension (n'ont pas de res extensa, comme disait Aristote). <La psychologie occidentale a la mauvaise habitude de séparer les corps des fonctions des corps, conception issue essentiellement de la tradition judéo-chrétienne. En ce qui concerne les humains, leurs processus d'interaction avec le monde (créer un monde à travers le langage, à travers l'interaction avec autrui) n'étant pas susceptibles d'être identifiés de façon visible ("regarde: ici, il est entrain de penser"; "ceci est penser", "ceci est se souvenir", "ceci est créer", ceci est avoir une idée", etc.) on postula qu'ils avaient lieu ailleurs, parce que non visibles. (...)  Je pense que la position matérialiste est tout autant erronée que la position spiritualiste, le problème étant que la question n'est pas de nature ontologique. (...) tous les problèmes de "mal connaître" se réduisent à "mal manier" notre propre instrument de connaissance, c'est-à-dire le langage. Cela revient à philosopher autrement. On se focalise alors non pas sur les questions :"où se trouve le mental?", "qu'est-ce que le mental?" ou encore " le mental et le comportement sont-ils incompatibles?", "le mental et la conscience sont-ils des termes qui n'ont pas de correspondances avec les choses existantes?", mais sur le fait que le mental et la conscience sont des termes qui ont un sens dans les pratiques ordinaires des gens. Et dans ces pratiques ordinaires des gens, ces mots, comme l'attestent l'étymologie ou la philologie, n'ont rien à voir avec des entités, ni transcendantes ni non transcendantes: ils ont à voir avec les échanges réciproques et leurs circonstances, entre les personnes et le monde, d'une part, les personnes entre elles d'autre part (...) 
 

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16/03/2014

Imagination et réalité

 

paul diel,psychologie,philosophie,imagination,réalité,désirs,conscience,volontéEn parlant de l'oeuvre de Paul Diel (1893-1972), psychologue français d'origine autrichienne, philosophe de formation, Einstein disait qu'elle était "un remède à l'instabilité éthique de notre époque". Sa psychologie nous enseigne que la plus grande forme de la condition humaine serait une harmonie de l'esprit qui se situe au-delà de la morale et des morales. Par cela, elle est porteuse  d'un  authentique pouvoir de redressement et d'accomplissement. Diel a beaucoup écrit sur la motivation, sur l'angoisse, sur la joie, sa méthode étant basée sur l'élucidation de nos émotions par l'auto-observation. C'est une méthode d'investigation introspective. "Pour voir clair dans la psyché -si une telle expression trop spatiale est permise-, il faut pouvoir regarder. Le problème est de savoir si une observation objective du fonctionnement intra- psychique est possible. Si une telle possibilité existe, elle ne peut être réalisée que par l'auto-observation. C'est dans la psyché de chacun que la motivation est vivante, et l'homme ne peut saisir la motivation vivante que dans sa propre psyché. Ce n'est qu'à l'aide de la compréhension de sa propre motivation qu'il devient possible de comprendre la motivation d'autrui". Voici, par exemple, comment il voit la résolution du contraste angoissant entre l'imagination et la réalité, contraste qui nous fait souffrir: c'est par l'attaque lucide que nous nous rendons compte des exigences de la réalité, "au lieu de nous abandonner entièrement aux jeux dangereux de nos désirs, et de nous laisser envahir par l'imagination affective". L'imagination déréglée et exaltée, c'est l'imagination maladive, à laquelle s'oppose l'imagination réglée et ordonnée qu'est l'imagination compréhensive. Dans la mesure où nous ne sommes pas malades ou angoissés, devant un problème nous recherchons ses causes, nous réfléchissons, nous prenons une résolution. Si dans l'imagination maladive, les désirs se contredisent et se contrecarrent, s'exaltent et se paralysent mutuellement, dans l'imagination compréhensive un tel chaos n'existe pas, les désirs réunis qui visent le même objet prennent tous la même direction vers la réalisation, en se renforçant mutuellement, et en réveillant dans la psyché des forces nouvelles et inattendues. Mais cet ordre psychique est créé uniquement par la réflexion; car c'est elle qui transforme les désirs en volonté, à l'inverse de de l'imagination exaltée, qui elle, transforme les désirs en angoisse et en inhibition. "Le travail de la réflexion consiste à éliminer les désirs exaltés, angoissés, insensés, qui contrecarrent l'activité. Le nombre des désirs diminue et il ne reste plus que les désirs réalisables. Cette capacité de réflexion, chaque psyché humaine la possède à un degré plus ou moins grand, elle est le résultat de l'évolution de la psyché animale jusqu'à la psyché humaine; évolution créée par l'obligation de supporter ou de vaincre la souffrance de la vie.[...] La tâche de chaque vie serait donc de continuer ce travail intérieur, afin de poursuivre l'évolution de la fonction compréhensive, de la conscience"

 

(Extraits: Paul Diel, Psychologie de la motivation, Payot, 2006, Angoisse et Joie, Payot 2011)