(Photo- Nice, le jardin Alsace Lorraine)
Pour Freud, le travail n’est pas une thérapie au sens strict, bien sûr (la thérapie étant la psychanalyse elle-même), mais plus qu’un remède, il est l’un des deux piliers de la vie adulte saine : « l’homme normal peut aimer et travailler » (lieben und arbeiten). Il le considérait l’une des principales sources de satisfaction réaliste et un puissant mécanisme de sublimation contre la souffrance et l’agressivité. Le travail est un exutoire, il permet de dériver l’énergie pulsionnelle vers des buts socialement valorisés et non sexuels, ce qui est essentiel pour la vie civilisée et l’équilibre psychique (c’est ce qu’il explique dans Malaise dans la culture, 1930). Par le travail, nous nous confrontons au principe de réalité, en renonçant à la gratification immédiate du principe de plaisir (lié au Ca) et en mobilisant le Moi (la partie organisée et rationnelle) pour atteindre des objectifs concrets. Et puisque la souffrance a trois sources - la nature, la fragilité de notre corps, les relations avec les autres -, le travail nous permet de détourner l’attention des douleurs de la vie, de nous ancrer dans la réalité et la nécessité sociale et de gagner notre vie, en réduisant l’angoisse de la nécessité.
