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01/09/2021

Littérature

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(Photo- Les chaises bleues, Nice) 

Pour cette rentrée, voici une invitation à la rencontre de l'écrivain japonais Haruki Murakami. Quelques extraits d’un roman profond et envoûtant, de la vraie littérature plutôt rare de nos jours, malgré l’énorme quantité de produits littéraires: 

« Ne vous arrêtez pas. Continuez à avancer », fit Donna Anna, coupant court à toute discussion. (…)

« Mon corps refuse de bouger, articulai-je tant bien que mal à l’adresse de Donna Anna, en principe derrière moi. Je ne peux pas respirer non plus. 

-Tachez de contrôler votre esprit, dit Donna Anna. Vous ne pouvez pas vous abandonner à vos émotions ainsi. Si vous vous montrez irrésolu, vous serez la proie rêvée d’une Double Métaphore.

- Une Double Métaphore ? Qu’est-ce que c’est ? demandai-je.

- Vous devez le savoir déjà.

- Moi, je le saurais ?

- Puisqu'elles se trouvent en vous, dit Donna Anna. Tapies en vous, elles se saisissent des pensées justes que vous avez et les dévorent les unes après les autres. Elles s’en nourrissent et s’en engraissent. Voilà ce qu’est une Double Métaphore. Elles logent à l’intérieur de vous-même depuis toujours, dans les profondes ténèbres qui vous habitent.

 

Haruki MURAKAMI, Le Meurtre du Commandeur. Une Idée apparaît, Livre I. La Métaphore se déplace, Livre 2. Editions Haruki Murakami, 2017. Editions Belfond, 2018, pour la traduction française. 

(Des extraits dans ce document PDF)

01/01/2021

L'esprit libre

krishnamurti, extraits, méditation, connaissance de soi, apprendre, croyances

(Photo- Les rosiers de la station Durandy, Nice)

Bonne Année 2021 !

 

En ce début d’année, voici quelque matière à nourrir notre réflexion, puisée dans le Livre de la Méditation et de la Vie. Sage de renommée internationale, premier maître spirituel laïc, J.Krishnamurti (1895-1986) a parcouru le monde pour transmettre à tous un message de sagesse et pour encourager les hommes à se libérer de toute croyance. De 1930 à sa mort en 1986, il a dispensé son enseignement limpide et authentique sur la liberté, la souffrance, le désir, l’amour, la mort, la créativité, la méditation dans des conférences, des écrits, des entretiens, et son public n’a cessé de s’élargir sur tous les continents. Loin de prétendre à fonder une église ou une secte, ce philosophe inclassable invite chacun de nous à prendre conscience des multiples conditionnements qui l’environnent -idéologies, croyances, modèles sociaux…- afin de s’en dégager et de trouver en lui-même la source de sa liberté. Environs vingt-cinq de ses ouvrages ont été publiés en France (Se libérer du connu ; L’Eveil de l’intelligence ; Commentaires sur la vie ; Le Temps aboli (entretiens avec David Bohm, professeur de physique théorique).

Le présent ouvrage (le Livre de la Méditation et de la Vie, titre original The Book of Life, Daily Meditations with Krishnamurti, Harper’s San Francisco, 1995, Editions Stock, 1997 pour la traduction française) contient des extraits d’entretiens et d’écrits datant des années 1933 à 1968 et offre un panorama des thèmes les plus souvent abordés dans son enseignement. Le livre s’inspire, dans sa présentation, de la manière dont Krishnamurti ordonnait ses causeries et ses conférences : il commençait généralement par expliquer ce qu’écouter veut dire, et quelle est la relation entre l’orateur et son auditoire, avant d’aborder finalement les questions plus profondes. Les chapitres de l’ouvrage correspondent aux mois de l’année et chaque chapitre comporte quatre thèmes de réflexion.  

 « J’ai quelque chose à vous dire ; dire, peut-être, quel est le moyen de découvrir ce qu’est la réalité vraie - un moyen qui ne se réduise pas à un système, mais qui soit une manière de faire, une attitude (…) Nul ne peut en aucun cas accumuler la vérité ; ce qu’on accumule est toujours détruit, et se fane ; la vérité ne se fane jamais, car on ne la découvre que d’instant en instant, dans chaque pensée, chaque relation, chaque mot, chaque geste, le temps d’un sourire, d’une larme.(…) Ce que dit l’orateur a très peu d’importance en soi. La seule chose qui compte vraiment, c’est que l’esprit soit suffisamment vigilant - mais sans effort - pour être en perpétuel état de compréhension. Si, au lieu de comprendre, nous ne faisons qu’écouter des mots, nous repartons invariablement avec une série de concepts et d’idées, et ainsi nous instaurons un modèle auquel nous nous efforçons ensuite de nous adapter dans notre vie quotidienne ou soi-disant spirituelle. (…) En définitive, le but de tous ces entretiens est d’établir entre nous une communication -et non de vous imposer un certain ensemble d’idées. Jamais les idées ne changent quoi que ce soit à l’esprit, elles ne provoquent jamais en lui de transformation radicale. Mais si nous pouvons communiquer individuellement les uns avec les autres dans un même instant et à un même niveau, peut-être y aura-t-il  alors une compréhension qui ne soit pas une simple propagande. »

Dans ce document PDF, vous trouverez de courts extraits du mois de janvier et du mois de février (la mise en page nous appartient).

01/08/2018

La littérature, toujours

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(Photo- Fleurs de cactus, Beaulieu)
 
On ne peut pas vivre mal. C'est une contradiction. (Eugène IONESCO, Le Roi se meurt)
 
Tout le monde chasse au bonheur. On peut être heureux partout. Il y a seulement des endroits où il semble qu'on peut l'être plus facilement qu'à d'autres. Cette facilité n'est qu'illusoire: ces endroits soi-disant privilégiés sont généralement beaux, et il est de fait que le bonheur a besoin de beauté, mais il est souvent le produit d'éléments simples. Celui qui n'est pas capable de faire son bonheur avec la simplicité ne réussira que rarement à le faire, et à le faire durablement, avec l'extrême beauté. On entend souvent dire: "Si j'avais ceci, si j'avais cela, je serai heureux", et l'on prend l'habitude de croire que le bonheur réside dans le futur et ne vit qu'en conditions exceptionnelles. Le bonheur habite le présent, et le plus quotidien des présents. Il faut dire: "J'ai ceci, j'ai cela, je suis heureux." Et même dire: "Malgré ceci et malgré cela, je suis heureux." Les éléments du bonheur sont simples, et ils sont gratuits, pour l'essentiel." (Jean GIONO, La chasse au bonheur)
 
Il y a sur terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne et d'horreur, que l'homme heureux n'y peut songer sans prendre honte de son bonheur. Et pourtant ne peut rien pour le bonheur d'autrui celui qui ne sait être heureux lui-même. Je sens en moi l'impérieuse obligation d'être heureux." (André GIDE, Les Nourritures terrestres -Les Nouvelles Nourritures)
 
Les sages d'autrefois cherchaient le bonheur; non pas le bonheur du voisin, mais leur bonheur propre. Les sages d'aujourd'hui s'accordent à enseigner que le bonheur propre n'est pas une noble chose à chercher, les uns s'exerçant à dire que la vertu méprise le bonheur (...); les autres enseignant que le commun bonheur est la vraie source du bonheur propre, ce qui est sans doute l'opinion la plus creuse de toutes, car il n'y a point d'occupation plus vaine que de verser du bonheur dans les gens autour comme dans des outres percées; j'ai observé que ceux qui s'ennuient d'eux-mêmes, on ne peut point les amuser; et au contraire, à ceux qui ne mendient point, c'est à ceux-là que l'on peut donner quelque chose, par exemple la musique à celui qui s'est fait musicien. Bref il ne sert point de semer dans le sable; et je crois avoir compris, en y pensant assez, la célèbre parabole du semeur, qui juge incapables de recevoir ceux qui manquent de tout. Qui est puissant et heureux par soi sera donc heureux et puissant par les autres encore plus. (...) Il faut vouloir être heureux et y mettre du sien. Si l'on reste dans la position du spectateur impartial, laissant seulement entrée au bonheur et portes ouvertes, c'est la tristesse qui entrera. (...) Il n'est pas difficile d'être malheureux ou mécontent; il suffit de s'asseoir, comme fait un prince qui attend qu'on l'amuse; (...) Ce que l'on n'a point assez dit, c'est que c'est un devoir aussi envers les autres que d'être heureux. (...) Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j'entends celui que l'on conquiert pour soi, est l'offrande la plus belle et la plus généreuse. J'irais même jusqu'à proposer quelque couronne civique pour récompenser les hommes qui auraient pris le parti d'être heureux. (ALAIN, Propos sur le bonheur)
 
 
Extraits de:
 
1,2,3...bonheur! Le bonheur en littérature, Editions Gallimard, 2006, Coll.Folio
 
Eugène IONESCO, Le Roi se meurt, Editions Hatier, 1985

20/12/2017

Joyeuses Fêtes!

récit, extraits, roman policier, Raymond Chandler

Joyeux Noël! Merry Christmas! 

(Photo -Aux Galeries Lafayette, Nice

Le récit est l’une des formes les plus universelles et les plus puissantes du discours et de la communication humaine. Notre esprit fonctionne comme un mécanisme narratif, le récit sous-tend toute notre existence, sa forme narrative est liée à l’entrée dans la culture. Il représente une façon imaginaire d’explorer le monde. Notre capacité à restituer l’expérience en termes de récit n’est pas seulement un jeu d’enfant : « c’est un outil pour fabriquer de la signification, qui domine l’essentiel de notre vie au sein d’une culture », affirme Jerome Bruner, l’un des fondateurs de la psychologie cognitive. (Les bons récits ; Le récit, c’est la vie)

En 1950, Raymond Chandler écrit dans son Essai sur le roman policier:

"Tout ce qui est écrit avec vie exprime cette vie ; il n’y a pas de sujet ennuyeux, rien que des auteurs ennuyeux. Tout lecteur s’évade de son monde pour passer de l’autre côté de la page imprimée. On peut discuter de la qualité de ce rêve, mais il est devenu une nécessité vitale. Tout homme doit échapper de temps à autre au rythme mortel de ses pensées." 

Voici plus loin quelques extraits de Simple comme le crime (The Art of Murder):

 

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