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06/04/2018

Angoisse et défense

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(Photo- à Nice, le 1er avril)

La psychologie (la thérapie) existentielle s’occupe d’un certain type de conflit qui survient lorsque l’individu prend conscience des enjeux ultimes de l’existence : la mort, la liberté, l’isolement fondamental, l’absence de sens. Confrontés à ces questions, nous souffrons tous d’un certain niveau d’angoisse, nous partageons une souffrance commune, propre à la condition humaine, mais certains y sont exposés plus que d’autres. La littérature et la philosophie, qui se penchent depuis des millénaires sur ces grandes questions, peuvent nous aider, la thérapie aussi parfois, dans la mesure où elle repose sur l’empathie et sur une relation de communication authentique. Mais surtout ce qui nous vient de l’extérieur de nous-même et nous permet de sortir de nous-même  -dit Irvin Yalom, psychiatre américain, auteur de Existential Psychotherapy, ouvrage publié en 1980 et traduit récemment en français. Il n’existe que deux manières de se confronter aux enjeux existentiels: l’angoisse (suscitée par la vérité) ou le déni, dilemme bien résumé par Cervantes qui fait dire à Don Quichotte : « Que préférez-vous, la folie du sage ou la sagesse du fou ? ». Le propre de la psychologie/la thérapie existentielle consiste à rejeter ce dilemme : la sagesse ne conduit pas à la folie, ni le déni à la santé mentale. Pour douloureuse qu’elle soit, la confrontation aux fondamentaux de l’existence se révèle être thérapeutique  - explique-t-il dans l’Introduction. A l’ancienne formule (freudienne) : Pulsion > angoisse > mécanisme de défense se substitue l’équation : Conscience des enjeux ultimes > angoisse > mécanisme de défense. (Thérapie existentielle

En se fixant pour cadre le point de vue de la psychologie existentielle, ce livre récent qui traite du harcèlement fusionnel explique pourquoi et comment l’adulte dépendant affectif cherche à dénier ses angoisses par un mécanisme de défense: la fusion avec autrui. Psychologue clinicien, l'auteur a été conduit par ses propres recherches cliniques à identifier les quatre grands comportements de l’adulte fusionnel: immaturité (l’immaturité psycho-affective, la personnalité dépendante), effacement (le refus de grandir, le rejet des caractéristiques de l’adulte), passivité (le refus de s’affirmer, la dévalorisation), dépendance (le refus d’agir, l’évitement de la décision, de l’action, l’auto-sabotage). A la différence du harcèlement moral, selon lequel s’affrontent un harceleur et une ou plusieurs victimes, le harcèlement fusionnel peut être défini comme un ensemble de comportements répétés d’agrippement, d’accaparement et de dépendance par lesquels un adulte force une autre personne à le prendre en charge, ce qui entraîne chez celle-ci une déstabilisation affective et psychologique. En guise de présentation, voici une sélection d’extraits dans ce document

Plus d’informations sur Irvin Yalom et la psychologie /la thérapie existentielle dans cette interview de Psychologies, et sur le site de l’auteur, dont ses interviews.

Comme d'autres grands esprits, et dans une existence assez brève, Spinoza a trouvé du sens à la vie et a marqué l'histoire de la pensée. "Spinoza est un point crucial dans la philosophie moderne. L'alternative est: Spinoza ou pas de philosophie..."(Hegel).

 "Je résolus de chercher s'il existait quelque objet qui fût un bien véritable, capable de se communiquer, et par quoi l'âme, renonçant à tout autre, pût être affectée uniquement, un bien dont la découverte et la possession eussent pour fruit une éternité de joie continue et souveraine." (Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement). 

Tout ce que nous faisons doit servir à l'avancement et à l'amélioration, dit Spinoza. L'âme, la raison, la connaissance, les émotions et le corps, tout doit nous amener vers la Joie. "Qui se connaît lui-même et connaît ses affections clairement et distinctement, est joyeux." (La note de CEFRO Emotions et connaissance (2014)

 

25/01/2018

L'image, l'unité de base de l'esprit

Antonio Damasio, livre, conscience,esprit, évolution, homéostasie

(Photo- Coquelicot en janvier, à Cimiez)

Antonio Damasio, le neuroscientifique dont les livres « L’erreur de Descartes. La raison des émotions » (1994), « Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions » (2003) ouvraient il y a une vingtaine d’années une perspective nouvelle dans la recherche, continue d’être passionné par les affects, le monde des émotions et des sentiments. Dans son dernier ouvrage, « L’Ordre étrange des choses: La vie, les sentiments et la fabrique de la culture » (2017)», il nous propose de comprendre comment les sentiments guident l’évolution de nos cultures, quelle est la mécanique des sentiments et de la conscience, comment cette mécanique est responsable des liens réciproques qui unissent le fonctionnement de l’esprit et le monde extérieur. Voici ce que j’en ai retenu principalement, comme matière qui porte à réflexion. Après cette lecture, l'idée que l'intelligence artificielle pourra être un jour capable d'autre chose que de performances techniques extraordinaires, à savoir capable de sentiments et d'émotions complexes, apparaît plus fictionnelle que jamais. Wittgenstein avait raison. 

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20/12/2017

Joyeuses Fêtes!

récit, extraits, roman policier, Raymond Chandler

Joyeux Noël! Merry Christmas! 

(Photo -Aux Galeries Lafayette, Nice

Le récit est l’une des formes les plus universelles et les plus puissantes du discours et de la communication humaine. Notre esprit fonctionne comme un mécanisme narratif, le récit sous-tend toute notre existence, sa forme narrative est liée à l’entrée dans la culture. Il représente une façon imaginaire d’explorer le monde. Notre capacité à restituer l’expérience en termes de récit n’est pas seulement un jeu d’enfant : « c’est un outil pour fabriquer de la signification, qui domine l’essentiel de notre vie au sein d’une culture », affirme Jerome Bruner, l’un des fondateurs de la psychologie cognitive. (Les bons récits ; Le récit, c’est la vie)

En 1950, Raymond Chandler écrit dans son Essai sur le roman policier:

"Tout ce qui est écrit avec vie exprime cette vie ; il n’y a pas de sujet ennuyeux, rien que des auteurs ennuyeux. Tout lecteur s’évade de son monde pour passer de l’autre côté de la page imprimée. On peut discuter de la qualité de ce rêve, mais il est devenu une nécessité vitale. Tout homme doit échapper de temps à autre au rythme mortel de ses pensées." 

Voici plus loin quelques extraits de Simple comme le crime (The Art of Murder):

 

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17/09/2017

Le biais littéraire

littérature, livre, extraits, Montero

(Photo -Matin d'été à Nice) 

"La littérature, dont les principes organisateurs sont le mythe -c'est-à-dire l'histoire ou le récit- et la métaphore -c'est-à-dire le langage figuré et les images -est un monde libéré, le monde du libre épanouissement de l'esprit" (Northrop Frye, A Double Vision)

"Si vous voulez savoir ce qu'est l'hystéro-neurasthénie, par exemple, ne lisez pas un traité de psychiatrie; lisez Hamlet. Si vous voulez savoir ce qu'est la démence terminale ne lisez pas un traité de psychiatrie; lisez Le Roi Lear " -écrit Fernando Pessoa. Il est incontestable que la littérature reste le meilleur moyen de comprendre les comportements humains, les émotions, les sentiments. (Lisez Shakespeare

La question de la conscience (the Hard Problem) reste ainsi ouverte. Jusqu'à ce que les neurosciences et la philosophie arrivent à formuler une même vérité, nous pouvons approcher la conscience humaine d'une certaine façon par le biais de l'art. Il est peut-être vrai que la seule chose que l'esprit humain est incapable de comprendre est soi-même. Les personnages et les situations recréés et rencontrés dans la littérature nous aident à nous regarder nous-mêmes et à nous développer émotionnellement. (The Hard Problem

(Extraits) Rosa MONTERO, La chair (La Carne, 2016) Editions Métailié, Paris, 2017