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27/08/2013

Livre

livre,mémoire,violence,victimesL' ouvrage Le livre noir des violences sexuelles du Dr.Muriel Salmona, traite d'un aspect assez tabou en France. L'auteur ne fait pas que s'intéresser à la souffrance psychique due aux violences, et au mécanisme de la violence, mais explique en quoi le déni est responsable de la perpétuation des violences. Si les troubles psycho-somatiques des victimes reconnues et secourues sont dépistés, la prise en charge se fera plus facilement et permettra de traiter les conséquences post-traumatiques. Il serait possible de faire reculer cette violence à condition de l'identifier, de la dénoncer et de la réprimer plus efficacement par la loi. Il s'agit de lutter contre toutes les formes de violence, contre toutes les formes de domination, masculine, patriarcale, parentale, contre les stéréotypes sexistes et toutes les discriminations. Prendre la pleine mesure de la gravité des violences et de leur immense coût humain signifierait ne plus les considérer comme une fatalité, ne plus les justifier, et se donner les moyens de changer de politique de santé et de société.
En voici quelques extraits:

"Les concepts humains fondamentaux tels que l'amour, la Famille, la Patrie, le Travail, l'Education, la Santé vont être utilisés de façon perverse et justifier toutes les violences. Ainsi va s'installer une confusion entre le langage de la tendresse, de la protection, du soin, et celui de la violence, "aimer" justifiant la possession et l'emprise. Il n'existe pas dans notre société d'espace sécurisé si ce n'est pour les prédateurs. (...) Et c'est bien ce déni qui est responsable de l'abandon où sont laissées les victimes, puisque les reconnaître mettrait en péril l'illusion de sécurité, d'où l'impunité quasi-totale dont bénéficient les agresseurs et la perpétuation implacable des violences.(...) Comme les violences ne sont pas censées exister dans ces espaces sécurisés puisqu'elles sont maquillées, leurs conséquences ne sont jamais reconnues comme telles, avec pour conséquence que les victimes ne seront ni dépistées, ni protégées, ni soignées. (...) La méconnaissance de la généalogie de la violence, de ses causes et surtout de ses mécanismes génère donc, en l'absence d'explications cohérentes et logiques pour les comprendre, la croyance en une violence inhérente à la condition humaine, non-éradicable; une violence 'ordinaire' à contenir et à maintenir cachée. (...) Oui, la violence est grave, fréquente, colonisant les victimes et générant une véritable addiction chez les agresseur, souvent 'contagieuse', transmissible d'individu à individu, et de génération en génération, avec de lourdes conséquences sur la qualité de vie, sur la santé, l'intégrité physique et psychique des victimes." (pp. 156-161).

Sur le sujet, voir aussi les sites web: Le livre noir des violences sexuelles  et Mémoire traumatique  
 
 

17/08/2013

La pensée autonome

totalitarismes, pensée autonome, personnalité, conscience de soiQuand Hannah Arendt parle de la banalité du mal, il faudrait entendre le mal rendu possible par l'indifférence, l'obéissance, la soumission, et aussi la participation, d'une manière ou d'une autre, des gens tout à fait ordinaires. Primo Lévi décrit "la zone grise" comme une zone de frottement entre les oppresseurs et les victimes. "Les motivations et les justifications sont beaucoup plus importantes (…) Exprimées dans des formulations différentes, et avec une arrogance plus ou moins grande selon le niveau mental et culturel de celui qui parle, toutes reviennent, pour l’essentiel, à dire les mêmes choses : je l’ai fait parce qu’on m’a commandé de le faire ; d’autres (mes supérieurs) ont commis des actes pires que les miens ; étant donné l’éducation que j’ai reçue et le milieu dans lequel j’ai vécu, je ne pouvais pas faire autre chose ; si je ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait à ma place, et plus durement."  (Les naufragés et les rescapés, Quarante ans après Auschwitz, Gallimard, 1989, 2011).

En se référant à un autre totalitarisme, celui-ci engendré par la Révolution, Panaït Istrati écrivait en 1929: "Je ne proteste pas contre la masse. Elle, la misérable, a toujours eu faim et n’a songé au sublime qu’en vertu de son ventre. Elle est à absoudre. Mais comment absoudre ceux qui sortent de son sein, se proclament son élite, s’imposent des salaires limités pour la galerie et accaparent, étouffent, écrasent, volent, violent, tuent dans le silence. N’est-ce pas là, à jamais, la faillite morale d’une Révolution ? Il m’est absolument impossible de faire le bilan de cette immoralité. Elle remplirait des volumes et comprendrait toute la hiérarchie, du sommet à la base, dans l’URSS et dans l’Internationale, certains pour y avoir trempé, d’autres pour avoir vu faire et n’avoir rien dit, tous pour tout savoir et tout cacher, aux yeux du monde qui a, au moins, le droit à l’espoir (…). Ils ont installé, consciemment, l’injustice chez eux. Ils ont corrompu de vastes couches sociales, et plus particulièrement les misérables, pour se faire des majorités et pour gouverner. Leur corruption est des plus inhumaines : si vous voulez manger, même maigrement, il faut être dans la "ligne", il faut encore dénoncer le camarade frère qui s’y refuse. C’est ainsi que la Russie est parvenue à cette ignominie (…) : jeter la moitié de la même classe contre l’autre moitié (…). (Vers l'autre flamme, Confessions pour vaincus, Paris, 1980).

Il semblerait que l'Histoire ne renonce jamais à certains schémas. Les causes se sont peut-être modifiées, mais le phénomène de la pensée totalitaire est en train de revenir sous la forme du fondamentalisme religieux, puisque les idéologies n'existent plus. On le reconnaît facilement dans sa spécificité, qui est celle d'empêcher, voire d'écraser la pensée autonome. Une méta-analyse universitaire récente explique comment l'intelligence et la religiosité sont corrélées négativement : Abstract ou  New meta-analysis...


Selon le modèle de la personnalité proposé par Robert Cloninger, aux 4 traits de tempérament et aux 3 traits de caractère qui la résument s'ajoute une autre dimension, qu'il appelle la cohérence. Celle-ci serait la faculté de l'esprit à se contempler lui-même et à examiner le parcours de sa vie. Le pilier de la cohérence de notre personnalité n'est autre chose que la conscience de soi, à savoir la façon dont nous percevons notre Moi comme étant le nôtre, unique et inscrit dans le temps et dans l'espace. C'est la conscience de soi qui nous permet de développer notre bien-être, une vie satisfaisante, notre bonheur. Notre spiritualité aussi implique un progrès de la conscience, la bonté et l'espoir. 


05/08/2013

Emotions /Coupure par rapport aux émotions

Percevoir la détresse d’autrui fait appel à un mécanisme relativement primitif sur le plan évolutif, il s’agit d’un circuit qui inclut des structures neuronales fondamentales (l’insula, le cortex cingulaire antérieur..), et qui  joue un rôle crucial dans le développement de l’empathie et du raisonnement moral. Chez l’homme, ce circuit est modulé de façon non-consciente (amplifié ou inhibé) par les facteurs sociaux. Il n’existe pas de consensus autour de la définition de l’empathie. Elle pourrait signifier aussi bien une simple contagion émotionnelle, qu’une une capacité cognitive à se représenter et à comprendre les émotions d’autrui, ou une capacité cognitive à se représenter les états mentaux d’autrui, ou une capacité d’écoute, ou bien le fait de réagir à la souffrance d’autrui. La tendance actuelle évolue vers une conception mieux intégrée de l’empathie, dans laquelle les aspects cognitifs et affectifs sont articulés plutôt qu’opposés. Dans la coupure par rapport aux émotions, l’émotion d’origine empathique est refoulée, le sujet mettant à distance ou se coupant d’émotions ou d’affects dont il redoute (le plus souvent inconsciemment) la perte de contrôle ou la souffrance qu’ils occasionnent. Celui qui est coupé de ses émotions peut exercer toutes sortes de sévices sur autrui, car les souffrances de celui-ci ne le touchent pas.

 
« Le vrai tueur psychopathe n’a rien à voir avec un tueur classique. Ce n’est pas un type qui braque une boutique d’alcool, panique et vide son chargeur sur le malheureux vendeur, ce n’est pas quelqu’un qui débarque chez son courtier en bourse pour lui mettre une balle dans le crâne, ce n’est pas un mari qui étrangle sa femme parce qu’il croit savoir qu’elle le trompe.
Les psychopathes ne sont motivés ni par l’amour, ni par la peur, ni par la colère, ni par la haine. Ces sentiments leur sont inconnus. Ils ne ressentent absolument rien. (…)Ce qui distingue, en effet, le psychopathe des autres tueurs, c’est qu’il se fiche totalement de la vie de ses victimes. Et de leur mort. Mais le psychopathe peut faire semblant d’y attacher de l’importance. Il simule les émotions humaines pour se déplacer parmi nous à sa guise et attirer sa proie. De plus en plus près. Et une fois qu’il a tué, il prépare son prochain meurtre et fait en sorte qu’il soit plus excitant encore. Il ne se fixe aucune limite, n’a aucun tabou, ne s’interdit rien. » (James PATTERSON & Maxine PAETRO « Swimsuit » -titre en français « Bikini », 2009).