Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/01/2015

Le totalitarisme

DSC_0381.JPG
(Photo: Drapeau en berne sur la Gare de Nice)
 
Il existe des moments où le dégoût semble insurmontable, bien plus que le chagrin pour les victimes -des journalistes dessinateurs tués sur leur lieu de travail, en plein milieu d'une conférence contre le racisme.. En prenant la fuite, les tueurs ont lâché un cri de victoire résumant toute l'horreur et l'inscrivant dans un arc de cercle qui relie le XXI e aux premiers siècles d'une humanité balbutiante. C'est cette proposition incompréhensible et inconcevable ("on a vengé le prophète") qui ne cesse de me hanter, malgré tout l'appareil civilisé et rassurant qui s'est déclenché aussitôt: les réactions de compassion, les sentiments éduqués, la position de l'Etat et les appels au rassemblement, et surtout le refus obligatoire du fameux amalgame.. Et le hic est là.
En parcourant la presse, j'ai retenu deux articles pour ces quelques vérités essentielles: les meurtres commis à Paris font partie des derniers coups portés par une idéologie totalitaire qui a cherché à atteindre le pouvoir par la terreur pendant des décennies; en Europe ce ne sont pas les religions qui font la loi, la religion doit rester limitée essentiellement à la sphère privée et soumise au respect des lois et des principes démocratiques...
 
Peut-être minimisons-nous encore le fait que la force de l'ignorance est bien capable de détruire une civilisation. Derrière la violence il y a toujours une ignorance qui se cache -qu'elle soit d'ordre intellectuel/cognitif ou d'ordre émotionnel. La violence de certains croyants sert sûrement un désir de puissance absolue au nom de Dieu, mais ce trouble de la personnalité pourrait être considéré comme d'autres troubles (la violence domestique, le narcissisme, les personnalités borderline, etc.) s'il n'était pas particulièrement dangereux pour la société, puisque ce qu'il vise, c'est la liberté de pensée et d'expression, la tolérance, le pluralisme, la démocratie. La religion comme politique, la politique comme religion, rien de plus mortel pour notre civilisation. 

27/08/2013

Livre

livre,mémoire,violence,victimesL' ouvrage Le livre noir des violences sexuelles du Dr.Muriel Salmona, traite d'un aspect assez tabou en France. L'auteur ne fait pas que s'intéresser à la souffrance psychique due aux violences, et au mécanisme de la violence, mais explique en quoi le déni est responsable de la perpétuation des violences. Si les troubles psycho-somatiques des victimes reconnues et secourues sont dépistés, la prise en charge se fera plus facilement et permettra de traiter les conséquences post-traumatiques. Il serait possible de faire reculer cette violence à condition de l'identifier, de la dénoncer et de la réprimer plus efficacement par la loi. Il s'agit de lutter contre toutes les formes de violence, contre toutes les formes de domination, masculine, patriarcale, parentale, contre les stéréotypes sexistes et toutes les discriminations. Prendre la pleine mesure de la gravité des violences et de leur immense coût humain signifierait ne plus les considérer comme une fatalité, ne plus les justifier, et se donner les moyens de changer de politique de santé et de société.
En voici quelques extraits:

"Les concepts humains fondamentaux tels que l'amour, la Famille, la Patrie, le Travail, l'Education, la Santé vont être utilisés de façon perverse et justifier toutes les violences. Ainsi va s'installer une confusion entre le langage de la tendresse, de la protection, du soin, et celui de la violence, "aimer" justifiant la possession et l'emprise. Il n'existe pas dans notre société d'espace sécurisé si ce n'est pour les prédateurs. (...) Et c'est bien ce déni qui est responsable de l'abandon où sont laissées les victimes, puisque les reconnaître mettrait en péril l'illusion de sécurité, d'où l'impunité quasi-totale dont bénéficient les agresseurs et la perpétuation implacable des violences.(...) Comme les violences ne sont pas censées exister dans ces espaces sécurisés puisqu'elles sont maquillées, leurs conséquences ne sont jamais reconnues comme telles, avec pour conséquence que les victimes ne seront ni dépistées, ni protégées, ni soignées. (...) La méconnaissance de la généalogie de la violence, de ses causes et surtout de ses mécanismes génère donc, en l'absence d'explications cohérentes et logiques pour les comprendre, la croyance en une violence inhérente à la condition humaine, non-éradicable; une violence 'ordinaire' à contenir et à maintenir cachée. (...) Oui, la violence est grave, fréquente, colonisant les victimes et générant une véritable addiction chez les agresseur, souvent 'contagieuse', transmissible d'individu à individu, et de génération en génération, avec de lourdes conséquences sur la qualité de vie, sur la santé, l'intégrité physique et psychique des victimes." (pp. 156-161).

Sur le sujet, voir aussi les sites web: Le livre noir des violences sexuelles  et Mémoire traumatique