Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/02/2019

La conscience, sujet de la philosophie et des neurosciences

conscience,cerveau,coeur,philosophie,neurosciences,théories

(Photo- La pleine Lune)

Un véritable fil rouge traverse les siècles et les époques, car l’homme est un être, mais un être de Parole, créateur de civilisation et de culture, et en tant que tel, il s’interroge sur son propre fonctionnement. Pour la présente note, j’ai choisi de revisiter deux moments de cette réflexion dans mon travail de recherche antérieur, et j’ai adapté, dans le document joint en format PDF, quelques articles récents qui résument des perspectives actuelles en neurosciences cognitives.

Une constante de la philosophie médiévale est la synthèse originale qui réconcilie l’étude et la prière, la raison et la foi, l’intelligence et l’amour. Thomas d’Aquin, dans l’élaboration de son savoir théologique et philosophique, fait part très large à la raison, en excluant la thèse de l’illumination divine (chère aux franciscains) dans laquelle la raison humaine se trouverait aliénée. Le Dieu thomiste est acte pur, infini et unique, situé à l’opposé de la matière, puissance pure, tout l’entre-deux étant composé d’acte et de puissance. Il adapte ainsi la pensée d’Aristote quand, en posant que la seule source de notre connaissance est la réalité sensible, il déduit que s’il y a de l’intelligence dans les choses, de l'intelligible en puissance, il est nécessaire, pour que cet intelligible soit en acte, l’intervention d'une faculté active, l'intellect agent. Le Bien, selon Thomas d'Aquin, n’est pas le bien en soi, mais le bien en tant que présenté par la raison de l’homme, c’est-à-dire par le jugement de sa conscience. Le sujet est personne et liberté. Ce que, à tort ou à raison, la conscience juge bon et obligatoire lie par là même une volonté, et si cette volonté s’écarte de ce que la conscience juge comme bien obligatoire, il y a fuite du bien, et donc mal moral. L’homme pèche toujours en agissant contre sa conscience, la suivre contre la loi n’est pas un moindre mal, mais subjectivement un bien.  

Le principe de toute la spéculation médiévale est Fides quaerens intellectum, la foi en quête de l’intelligence. La foi doit être studieuse, active, on ne cherche pas à comprendre pour croire, mais on croit pour comprendre, car on ne pourrait comprendre sans croire. L’œuvre de la raison est une approche du salut - plus l’esprit progresse dans l’intelligence de la foi, plus il se rapproche de la vision de l’au-delà. Mais cette foi, point de départ de la recherche, n’est pas une simple adhésion des facultés de connaissance, elle est toute pénétrée d’affectivité, son but n’est pas seulement l’acquisition d’un grand savoir, c’est une contemplation admirative qui s’épanouit en amour. 

Au début du XXe siècle, dans un ouvrage devenu classique, Das Heilige, Rudolf Otto donne une analyse fondamentale du sacré (le numen) et décrit l’esprit en le rapprochant de l’expérience numineuse. Au-dessus et au-delà de notre être il y a, caché au fond de notre nature, un élément dernier et suprême qui ne trouve pas satisfaction dans l’assouvissement et l’apaisement des besoins répondant aux tendances et aux exigences de notre vie psychique, physique, spirituelle. C’est le tréfonds de l’âme, là où se cache une expérience -connaissance a priori, qui est l’expérience numineuse. Otto analyse cette catégorie de la conscience humaine en termes d’éléments rationnels et non-rationnels : le mysterium tremendum, l’élément répulsif du numineux, qui se schématise par les idées de justice, de volonté morale, -la sainte colère de Dieu, dont parle l’Ecriture- et le mysterium fascinans, l’élément captivant, qui se schématise par la bonté, la miséricorde, l’amour, la grâce. Le rationnel qui se trouve dans le sacré est ce qui peut être traduit en concepts, ce qui peut être mis en langage. Le non-rationnel est impossible à faire passer de l’obscurité du sentiment dans le domaine de la compréhension conceptuelle, sinon au moyen d’images et d’analogies. L’invisible, le non-temporel (l’éternel), le surnaturel, le transcendant ne sont que de simples idéogrammes qui indiquent le contenu du sentiment en question, mais pour comprendre, il faut avoir éprouvé l’expérience numineuse. Les moyens d’expression du sacré sont divers : l’effrayant, le hideux, le terrible ou, au niveau supérieur, le grandiose, le sublime. Suivant une loi psychologique, dit Otto, les idées et les sentiments se suscitent et s’éveillent dans la mesure de leur ressemblance, ce n’est pas le sentiment qui se transforme, mais c’est le moi qui passe d’un sentiment à l’autre, par le déclin graduel de l’un et le progrès de l’autre. 

De nos jours, il n’est toujours pas facile de donner une définition de la conscience. Est-ce qu’elle est le produit du cerveau ? Est-ce qu’elle est le produit du cœur aussi ? S’étend-elle au-delà de notre corps ?

La conscience et la cohérence cœur/cerveau (PDF)

 

Références : Scientists say your « mind » isn’t confined to your brain, or even your body

Mysteries of the human heart

What is Consciousness is Just a Product of our Non-Conscious Brain ?

Le récit personnel et la conscience personnelle (le modèle d'Oakley & Halligan)

How do you explain consciousness ? (video avec David Chalmers, sous-titres en français)

01/01/2019

Le Sujet aimant

bonheur, cerveau, Sujet aimant, littérature

Bonne Année 2019! 

« Le cerveau humain n’a pas été fait pour être heureux, mais pour apprendre. C’est pourquoi l’expérience d’un apprentissage réussi fournit la plus grande quantité d’hormones responsables du bonheur. » (Viktor Frankl)

Dans un entretien accordé à la revue Psychologies (Juillet-Août 2016), le généticien Axel Kahn formule autrement la même idée : Nous n’avons pas de capacité génétique au bonheur. On naît avec un génome humain, on est biologiquement humain, c’est une caractéristique innée. Mais la plus grande de nos propriétés innées dont nous avons hérité avec ce génome, c’est celle d’acquérir, d’apprendre. Etre humain pleinement, c’est donc épanouir, autant qu’on le peut, cette fantastique aptitude au contact des autres humains. La capacité d’apprentissage est présente chez les animaux non humains aussi, mais beaucoup plus limitée. Pour édifier un psychisme humain, l’autre est indispensable. Nous avons tous la capacité à reconnaître la profonde réciprocité entre l’autre et nous, et cela fait le caractère universel de l’aptitude à la pensée morale. Mais c’est toujours le principe de réciprocité qui peut nous entraîner à ne pas être bienveillant, à être injuste, à nier l’autonomie de l’autre. Dès lors, être humain pleinement introduit l’autre comme l’une des finalités de l’existence, on peut dire sa seule finalité incontestable.

Selon le généticien, l’idée du développement personnel est le pire des égotismes modernes. Si nous nous enrichissons mais nous ne voulons rien faire de ces richesses, si nous ne les partageons pas, nous les perdons. Une richesse intérieure qui n’est pas partagée ne sert à rien. Celui qui la possède ne peut pas en profiter pleinement. Nous vivons dans une société qui focalise tout sur l’injonction de nous épanouir par nos propres moyens. Chacun devient maître de son destin, n’est lié à l’autre que par les contrats qu’il peut être amené à passer avec lui, rien de plus. L’injonction à mener un destin individuel amène à un échec obligatoire, à une frustration. Depuis la nuit des temps, d'ailleurs, il n’y a pas un seul poète, un seul romancier, un seul philosophe, un seul psy, à considérer que le bonheur soit accessible sans l’autre. Bien entendu, ce n’est pas le cas de toutes les démarches de développement personnel, qui peuvent être tournées vers autrui, ni celui des auteurs engagés dans une recherche spirituelle, qui entendent se développer de différentes manières, par la méditation ou la spiritualité, pour avoir plus à apporter aux autres.

Nous n’avons pas de capacité génétique au bonheur, nous avons une capacité génétique à être humain. Cela nous fait préférer le bien-être au mal être, la sérénité au stress. Dès lors, si être bons, généreux, nous était désagréable, nous ne le serions tout simplement pas. Même l’altérité la plus empathique exige qu’on en éprouve une certaine forme de plaisir. Le substratum de bonheur est en partie obligatoire à toute forme d’action. Dans une définition à valeur générale, le bonheur est l’adéquation entre le ressenti et l’aspiration. Autrement dit, si les saints avaient horreur d’être saints, ils ne le seraient pas. 

Voici plus loin: trois notes antérieures sur le rôle de la mémoire dans notre relation à l’autre et dans notre recherche du bonheur, et sur le récit, comme l’une des formes les plus universelles et les plus puissantes du discours et de la communication humaine (La mémoire et le regret ; La mémoire ; Les bons récits); en PDF mon texte Le Sujet aimant au Moyen Age. (Les attitudes amoureuses illustrées dans la littérature courtoise ne sont que l'illustration de l'effet que l'amour peut avoir sur les comportements, dans ce sens qu'il exprime la construction de l'être humain, la structuration du Sujet aimant. Situer l'amour courtois au niveau du langage revient à éclairer la psyché médiévale dans la perspective de la structure psychologique de l'être humain.)

Photos: 1. La revue Trames,1995. 2. L'illustration Christine de Pisan donnant une leçon à quatre hommes, XVe siècle, dans mon Carnet d'adresses des Dames du temps jadis (1995)

bonheur, cerveau, Sujet aimant, littérature

bonheur, cerveau, Sujet aimant, littérature

01/12/2018

Les substitutions symboliques

psychanalyse,kafka,deuil,enfance,vieillesse,symbolisation

(Photo- Noël aux Galeries Lafayette, Nice)

Tout au long de notre vie, de l’enfance à la vieillesse, après chaque perte de l’objet d’amour, nous nous efforçons de maintenir le désir en le réinvestissant dans le symbolique, afin de pouvoir continuer l’aventure tragique, magnifique et unique qu’est l’existence. La grande question est où trouver les forces pour assumer ses deuils, et donc ses pertes et ses blessures narcissiques, afin de reconstituer toujours et encore un équilibre, même précaire, jusqu’à la fin ? La sublimation permet des substitutions d’objets pour sauvegarder le plaisir. L’être humain ne peut qu’échanger une satisfaction contre une autre, dit Freud, une satisfaction compensatoire au renoncement.

La note peut être lue dans le document PDF ci-joint

01/11/2018

Cancer et émotions

livre, cancer, stress

(Photo- Nice en octobre)

Le livre L’Enquête vérité se propose de nous aider à voir plus clair dans tout ce que l’on sait à ce jour sur le cancer, afin de le mettre à distance. Pour ce faire, il emprunte la forme d’une enquête policière: le criminel, l’arme du crime, la scène du crime. Nous verrons donc en quoi consiste le profil du tueur (son empreinte cellulaire, son empreinte génétique), nous aurons une description de la scène du crime (les mutations, les stress oxydatif, le système de sécurité qu’est le suicide de la cellule), nous comprendrons le mode opératoire du criminel qui utilise comme arme du crime le stress négatif, le désespoir. La thèse que développe l’auteur, professeur de cancérologie et chef d’un service de pointe, est fondée sur ses nombreuses observations cliniques et sur ses intuitions: il existe un lien entre le développement d’un cancer et les émotions négatives profondes. La fin du livre est consacrée à l’inventaire de plusieurs règles d’or pour prévenir le stress (les sept clefs: méditer, respirer, masser, ancrer, stimuler, créer, semer), aux cultures thérapeutiques et aux nouvelles technologies antistress.

Le fonctionnement de nos cellules est un mécanisme vital et fascinant. Nos cellules pensent, elles sont nous-mêmes, elles aiment, elles souffrent, elles ont une conscience, elles représentent notre autodéfense. Ce livre, agréable à parcourir, nous rappelle un certain nombre de connaissances de base de biologie, de physiologie, et il nous offre des conseils à notre portée. Toutefois,  la médecine n’est pas une science exacte, et même si aujourd'hui elle est capable de comprendre les processus et de recommander un traitement évolué, il existe beaucoup de facteurs susceptibles de déclencher la maladie qui restent encore inconnus, ou insuffisamment maîtrisés. Nous sommes tous différents, et notre perception de ce qui nous arrive dans la vie est différente. Les enfants aussi sont sujets au stress, sous une autre forme que les adultes, et il suffit de penser au nombre d’enfants très jeunes qui développent un cancer.

"Ce qui est primordial, pour moi, est de souligner l’importance du lien entre cancer et émotions. Ce lien existe bel et bien, même s’il n’est pas à lui seul la cause du cancer. Pour ne plus être angoissé par le cancer, il faut commencer par dominer le sujet. Dédramatiser la question pour mieux la maîtriser. Ce livre -une plongée au cœur de la scène du crime, aussi ludique qu’instructive, vous aura permis de mesurer à quel point vous êtes votre meilleur anti-cancer."

Un résumé fait d’extraits pourra être lu ICI (la mise en page nous appartient).