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11/03/2018

Peut-on décider de son bonheur?

(Photo- Mimosa à Nicebonheur,facteurs,décision,neurosciences,études

Le courant de la psychologie positive a contribué, durant ces vingt dernières années, à éclaircir la recherche psychologique avec sa science du bonheur, du potentiel humain et de l’épanouissement, en partant du principe que les psychologues ne devraient pas s’occuper que de la maladie mentale mais aussi de ce qui valorise la vie. Le bonheur est décrit comme le fait d’éprouver des émotions positives- la joie, l’enthousiasme, la satisfaction- combinées avec des émotions plus profondes et du sens. Cela suppose une mentalité positive envers le présent et optimiste envers le futur. Les experts en bonheur expliquent que celui-ci n’est pas une caractéristique stable ou inchangeable, mais quelque chose de flexible que nous pouvons travailler pour avancer dans la vie. S’efforcer d’avoir une vie heureuse est une chose, s’efforcer d’être heureux tout le temps est irréaliste. La recherche actuelle montre que la clé d’un plus grand bonheur et du bien-être est la flexibilité psychologique.


Celle-ci couvre un éventail très large de capacités : reconnaître et s’adapter à des situations variées, changer de mentalité ou de comportements quand ces stratégies compromettent le fonctionnement personnel ou social, maintenir l’équilibre entre les domaines importants de la vie, être conscient, ouvert, fidèle aux comportements qui sont en accord avec ses valeurs profondes. Dans beaucoup de formes de la psychopathologie, ces processus de la flexibilité sont absents. L’ouverture à des expériences émotionnelles et la capacité à tolérer des étapes d’inconfort peuvent nous permettre d’atteindre une existence plus riche, et qui ait plus de sens. La manière dont nous répondons aux circonstances de nos vies influence davantage notre bonheur que les événements eux-mêmes. Ressentir du stress, de la tristesse, de l’anxiété à court terme ne veut pas dire que nous ne puissions être heureux à long terme.

Philosophiquement parlant, il existe deux voies vers le bonheur : hédoniste et eudémoniste. La psychologie eudémoniste décrit le fonctionnement d’une personne en termes de réalisation ou d’actualisation de son potentiel. Selon les hédonistes, vivre une vie heureuse, c’est rechercher le plaisir au maximum et éviter la souffrance. C’est une vie qui privilégie la satisfaction des désirs et des envies, mais c’est une vision à court terme, dans l’immédiat. La vision eudémoniste vise le long terme. Son argument est que nous devrons vivre de manière authentique, et pour le meilleur, nous devrons viser le sens et le potentiel à travers la bienveillance, la justice, l’honnêteté, le courage. Si nous concevons le bonheur dans le sens hédoniste, alors nous continuerons à chercher de nouveaux plaisirs et de nouvelles expériences afin de maintenir le bonheur à un niveau élevé, et nous allons essayer de réduire les émotions désagréables et douloureuses. Si nous prenons l’approche eudémoniste, nous nous efforçons vers plus de sens, en employant nos points forts et en contribuant ainsi à quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Cela peut inclure parfois des expériences et des émotions désagréables, mais souvent cela mène à des niveaux plus profonds de joie et de satisfaction. Mener une vie heureuse ne consiste pas à éviter les moments difficiles mais à être capable d’affronter l’adversité, d’y répondre et d’y réagir d’une manière qui nous permettra de grandir de cette expérience.

L’adversité pourrait être en réalité un fait positif pour nous, tout dépend de nos réactions. Tolérer la détresse nous rendrait plus résilients et nous amènerait à nous engager davantage dans nos vies (changer d’emploi, surmonter des difficultés). Dans des études sur les personnes ayant subi des traumatismes, beaucoup décrivent leurs expériences comme le catalyseur d’une transformation profonde, phénomène connu sous le nom de « croissance post-traumatique » : après avoir face à la difficulté, à la maladie ou à la perte, souvent les gens décrivent leurs vies comme plus heureuses et plus riches de sens, comme résultat. A la différence de se sentir heureux, qui est un état transitoire, mener une vie heureuse concerne la croissance personnelle après avoir trouvé du sens. Cela signifie accepter notre humanité avec ses hauts et ses bas, se réjouir des émotions positives, exploiter des sentiments douloureux afin d’atteindre notre plein potentiel.

Qu’est-ce que le bonheur, comment le définir ? Dans une perspective philosophique le concept de bonheur est lié souvent à « une bonne vie », à l’épanouissement, à la vertu, à l’excellence, plutôt qu’au ressenti d’une émotion particulière. Pour les psychologues, le bonheur est un état émotionnel et mental de bien-être en rapport avec le ressenti d’émotions positives mais aussi avec le sens et la satisfaction que l’on retire de la vie. Les économistes aussi s’intéressent au bonheur et ont développé de nombreux indices, enquêtes, équations pour nous informer quels pays et quels peuples sont les plus heureux. Ils estiment que des facteurs individuels tels le revenu, la sécurité, l’emploi, les relations sociales, les enfants, la liberté, les loisirs ont un impact important sur notre bonheur.

Dans le Rapport de l’ONU sur le bonheur dans le monde, une enquête a été menée sur l’état de bonheur global auprès de 155 pays, selon 6 indicateurs : liberté, générosité, santé, soutien social, revenu et gouvernance digne de confiance. Nous pouvons réfléchir à ces facteurs dans la perspective de la dystopie, le récit d’une société imaginaire dont l’organisation empêche ses membres d’être heureux, par une idéologie ou une pratique, ou une utopie qui vire au cauchemar.. L’humanité en a connu. Mais le niveau national du bonheur ne se traduit pas nécessairement au niveau personnel. Selon les psychologues, les circonstances sont responsables de seulement 10% de notre niveau de bonheur. Les études montrent que, sans prendre en compte ce qui arrive aux gens - gagner au loto ou perdre un membre - leurs niveaux de bonheur ont tendance à revenir à ceux de deux mois avant l’événement. Ce phénomène s’appelle « adaptation hédoniste ». Les 50% de notre bonheur sont déterminés par notre biologie, des traits de personnalité spécifiques déterminés génétiquement (être sociable, actif, stable, travailleur, consciencieux), les 40% sont déterminés par nos pensées, actions, comportements. Néanmoins, la science dit que nous pouvons faire beaucoup pour influencer notre bonheur.

Happify, une compagnie dont l’objectif est d’aider les gens à vivre une vie plus heureuse, a réalisé un document infographique qui résume la recherche la plus importante sur le bonheur et sur ce que nous pouvons faire pour l’augmenter. [Je le décris plus loin mais on le retrouve dans les Références en bas de note et ICI ]

Qu’est-ce que le bonheur ? C’est une combinaison entre la satisfaction de notre vie, et notre ressenti au quotidien. C’est aussi est une compétence que nous pouvons développer par une pratique constante, car nous avons la capacité à contrôler comment notre vie est réalisée.

Qu’est-ce que le bonheur n’est pas ?  Il n’est pas une destination finale, il ne consiste pas à éprouver en permanence des émotions agréables, à avoir tout l’argent que l’on veut, à refuser de regarder le malheur du monde.

Les gens heureux sont en meilleure santé, ils ont moins de maladies cardiovasculaires, ils ont une meilleure immunité, ils cicatrisent plus rapidement, ils se nourrissent mieux, ils vivent plus longtemps. Il est plus sain d’avoir des niveaux stables de bonheur modéré sur une période de temps, que des pics d’extrême bonheur.

Pourquoi notre bonheur va au-delà de nous-mêmes ?  Les gens heureux sont plus productifs au travail, ils ont des relations plus profondes avec les autres, ils aident davantage les autres et se portent bénévoles, ils donnent plus facilement de l’argent aux œuvres de bienfaisance, ils sont plus créatifs à trouver des solutions.

Comment pouvons-nous augmenter notre bonheur ? En cultivant nos relations, en nous ouvrant aux nouvelles expériences, en aidant les autres, en éprouvant de la gratitude pour ce que nous avons. En apprenant à savourer l’expérience du bonheur : ouvrons nos sens aux paysages, aux sons, aux parfums, regardons attentivement les menus détails de chaque expérience, partageons l’expérience avec une autre personne, attardons-nous sur l’instant -un café, un récit.. Savourons les expériences de l’instant nous rend plus heureux, plus reconnaissants et plus optimistes, cela réduit les niveaux de stress, de culpabilité, de dépression, et cela renforce les zones dans le cerveau responsables de la sensation de bien-être.

Ce qui tue notre bonheur : se comparer aux autres, ne pas avoir une  amitié proche, nourrir du ressentiment.

Accueillir l’adversité. Les personnes qui traversent des moments durs sont plus heureuses que celles qui n’en ont jamais eu. Après la souffrance, et après avoir pris du recul et mis en perspective, nous donnons plus de sens à ce défi, ce qui nous aidera à donner forme à notre identité, à mieux gérer les facteurs stressants quotidiens, à augmenter notre résilience, à devenir plus optimistes pour le futur.

A la recherche du sens. La clé de notre bien-être consiste à nous sentir connecté à un but plus profond dans notre vie. Les personnes de tous âges qui affirment avoir trouvé du sens dans leur vie se disent plus heureuses, plus équilibrées, et elles ont un comportement social. On peut trouver du sens de diverses manières: à travers une carrière bien remplie, à travers la spiritualité, en élevant des enfants, en poursuivant des objectifs conformes à ses valeurs profondes.

Se faire du temps pour les amis. Les gens disent que les jours où ils passent 6-7 heures avec la famille ou des amis les rendent 12 fois plus heureux que stressés. Les gens qui travaillent à plein temps ressentent le plus de bonheur les jours où ils passent 8-9 heures avec les amis et la famille. 

La force de la gratitude. Les gens qui ont rapporté des choses envers lesquelles ils éprouvaient de la gratitude, une fois par semaine à six semaines, ressentaient l’effet bénéfique sur une durée de 6 mois, à savoir ils se sentaient plus heureux, moins déprimés, ils dormaient mieux, ils s’engageaient dans des comportements plus sains (exercices).

Cinq possibilités d’augmenter notre bonheur dans l’immédiat : passons cinq minutes à faire quelque chose pour éclairer la journée d’une personne aimée ; envoyons un email à une personne pour la remercier pour ce qu’elle a fait pour nous ; ayons une conversation pleine de sens avec un bon ami ; prenons 30 secondes pour aider une personne qui en a besoin ; savourons un souvenir, fermons les yeux et revivons le plus heureux moment de notre vie ; faisons une activité que nous aimons, qui nous fait perdre la notion du temps ; méditons, cela augmente l’activité dans la partie gauche du cortex préfrontal, une zone du cerveau responsable du calme et du bonheur ; pratiquons l’empathie.

Le bonheur dans le monde : dans le Rapport de l’ONU 2017, ce sont la Norvège, le Danemark et l’Islande qui se rangent aux premières places. Les facteurs qui sont corrélés au bonheur national plus élevé : le PIB par habitant, la liberté de faire des choix dans la vie, la générosité, la longévité, le soutien social, ou avoir une personne sur qui compter dans les moments difficiles. 

Il est vrai que les facteurs complexes qui influencent notre bonheur, pour la plupart, ne dépendent pas de nous directement. Néanmoins, nous avons une certaine marge de liberté dans la décision. Le chercheur en neurosciences Moran Cerf, de Northwestern University, qui a étudié la prise de décision pendant une dizaine d’années, affirme que le moyen le plus sûr pour maximiser le bonheur n’a rien à voir avec les expériences, les biens matériels, ou la philosophie personnelle. Cela a beaucoup à voir avec qui vous décidez de passer du temps. Il ne s’agit pas seulement de bien choisir ses amis. La compagnie personnelle est le plus important facteur de satisfaction à long terme. Deux aspects sont à prendre en compte. Le premier, c’est que la prise de décision est fatigante. Les recherches ont trouvé que les humains avaient une quantité limitée d’énergie mentale à consacrer à faire des choix. Choisir ses vêtements, l’endroit où aller dîner, quoi manger, quelle musique écouter, quoi faire de son temps libre - tout cela demande à notre cerveau une énergie quotidienne (la « fatigue à la décision » peut avoir un effet paralysant). Le second aspect, c’est que les humains croient à tort qu’ils contrôlent entièrement leur bonheur en passant par tel ou tel choix. Et tant que nous faisons les bons choix, nous sommes satisfaits de notre vie. En vérité, la prise de décision est pleine de biais qui influencent notre jugement. Les gens se souviennent mal d’expériences désagréables comme étant bonnes, et vice versa. Ils laissent leurs émotions changer un choix rationnel en un choix irrationnel ; ils utilisent des indices sociaux, souvent inconscients, pour faire des choix qu’ils auraient pourtant évités.

La recherche en neurosciences a trouvé que lorsque deux personnes sont ensemble, les ondes de leurs cerveaux commencent à ressembler presque à l’identique. Une étude sur les cinéphiles a montré que les bandes annonces les plus captivantes produisaient les mêmes ondes dans les cerveaux des gens. Les gens avec qui nous passons du temps ont un réel impact sur notre engagement, au-delà de ce que nous pouvons expliquer. L’un des effets est que nous commençons à ressembler (c’est pareil dans le comportement des gens). Pour maximiser le bonheur et minimiser le stress, les gens devraient construire une vie qui demande moins de décisions en s’entourant de gens qui incarnent les traits qu’ils préfèrent. En même temps, ils pourront éviter les décisions médiocres qui mentalement ont un coût et qui épuisent l’énergie nécessaire pour les décisions importantes. Par exemple, explique Cerf, dans la stratégie du choix du restaurant : il préfère éviter de choisir le restaurant, mais prendre une seule décision - avec qui aller dîner- et choisit une personne de confiance. Il y a davantage de chances que la personne choisisse un lieu que Cerf aime, ce qui rend sa deuxième décision sûrement satisfaisante. Autrement dit, il évite de prendre deux petites décisions et choisit une seule plus importante. Cette tactique peut s’appliquer aux gens qui souhaitent faire plus d’exercice, regarder moins la télévision, apprendre à jouer d’un instrument, ou devenir plus sociables. Dans tous les cas, la décision la plus importante est avec qui vous êtes

 

 Références:  Why true happiness isn't about being happy all the time 

                     Everything you should know about happiness in one infographic 

                  The most important choice you can make 

 

Les notes de CEFRO : Notre cerveau ; Le bonheur ; Le bonheur (2) ; Le bonheur et son business ;

                            Le bonheur et la solitude 

 

                     

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