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19/11/2013

Le bonheur (2)


bonheur,bien-être,émotions,suppression émotions négatives,études,quête,stendhal,morrisonLa recherche actuelle sur le sens et la quête du bonheur montre que nous courons peut-être le risque de saper notre réel bien-être. Plus les gens veulent à tout prix être heureux, moins ils le sont, ou plus ils dépriment. Nous avons tendance à supprimer toute émotion négative, mais si nous supprimons une émotion, il faudrait les supprimer toutes. Notre cerveau fait face à la surcharge émotionnelle en opérant la dissociation (au niveau neurologique, nous "refroidissons" nos réponses émotionnelles), ce qui nous permet de gérer les moments difficiles (comme le ferait un guerrier en terrain hostile). Néanmoins, il faut reconnaître que fonctionner en mode de survie a un coût élevé.. Dans une quête du bonheur, nous rejetons les émotions négatives, et parfois, il nous arrive de nous en vouloir parce que nous nous sentons moins heureux que nous devrions. 

Selon la pensée bouddhiste, la cause de la tristesse se trouve dans la discordance entre l'attente et la réalité. Or, si nous rejetons le réel, avec les si nécessaires émotions d'inquiétude et de mécontentement, nous ne faisons qu'augmenter notre tristesse, en nous efforçant en vain de remplacer le réel par l'agréable. C'est un piège fréquent. Normalement, nous devrions nous sentir heureux, nous essayons de l'être, et nous refusons les émotions qui nous semblent contraires, en supprimant ce qui est inconfortable. A cause de ce favoritisme émotionnel, on a du mal à avancer. Les émotions signalent l'opportunité ou la menace, et c'est grâce à elles que nous trouvons des solutions à nos problèmes. A la même manière dont nous utilisons des données mathématiques pour résoudre des problèmes mathématiques, nous utilisons des données émotionnelles pour résoudre des problèmes émotionnels. En maths, nous n'utilisons pas que les nombres pairs. Si nous rejetons et dévaluons la tristesse, par exemple, nous perdons des données qui pourraient nous aider à trouver un bonheur plus profond et plus durable.


 Une approche récente nous apprend comment utiliser la méditation pour former de nouveaux réseaux dans notre cerveau, et comment accepter ce qui est difficile, au lieu d'y ajouter de la frustration, de l'anxiété, de l'auto-dénigrement (Rick Hanson). 
D'autres études préfèrent le terme "sens" à celui de "bonheur". Ce dernier se réfère aux bénéfices que nous recevons des autres, tandis que le premier serait associé aux bénéfices que d'autres reçoivent de nous. L'idée maîtresse est que le bien-être et le sentiment de plénitude viennent non pas de la quête du bonheur, mais de l'engagement profond dans la vie même. Cette signification est liée au "faire" -faire des choses qui reflètent et expriment notre moi, et en particulier faire des choses positives pour les autres. C'est ainsi que nous pouvons augmenter notre niveau de bien-être (et de bonheur): mener une vie active, rester connecté aux autres, cultiver des relations authentiques, donner du sens à nos actions. D'autres études montrent que l'argent peut acheter le bonheur lorsqu'il est utilisé au bénéficie des autres -générosité, gratitude, compassion, services sont corrélés positivement au bien-être (Martin Seligman). "Donner" plutôt que "recevoir" (Matthieu Ricard, "Pladoyer pour l'altruisme"). Les émotions nous aident à savoir ce qui est important, elles sont indispensables au raisonnement mûr et à l'éthique de notre prise de décision.

En retournant un peu à la littérature, rappelons que "la chasse au bonheur" a été pour l'auteur de "La Chartreuse de Parme" la préoccupation de toute une vie, une sincère et persévérante connaissance de soi.
Et trouvons une réponse contemporaine dans les paroles de Toni Morrison: "Don't settle for happiness, it's not good enough. Of course, you deserve it. But if that's all you have in mind: happiness, I want to suggest to you that personal success devoid of meaningfulness, free of a steady commitment to social justice: that's more than barren life. It's a trivial life. It's looking good, insted of doing good."

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