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07/07/2014

Esprit et corps/conscience et cerveau

(Photo credit: Gaia ESO project -The Milky Way's disc)image002 Gaia -ESO project -the Milky Way's disc.png
 
Le débat esprit/cerveau (âme/corps) se poursuit depuis l'antiquité. Pour Platon l'âme est le siège de la sagesse, celle-ci ne pouvant exister dans le corps physique. Rappelons aussi que jusqu'au XVIe siècle, le soin de l'âme était plus important que le soin du corps, et aussi que c'était le coeur qui renfermait la sensibilité, la mémoire, l'intelligence, le courage. Descartes identifie l'esprit à la conscience, et à la conscience de soi, en le distinguant du cerveau, même s'il considère le cerveau le siège de l'intelligence. C'est le XIXe qui va découvrir effectivement le rôle du cerveau. Pour le philosophe et le psychologue Emilio Ribes Iñesta, l'esprit est une interaction, une forme de relation. Selon lui, pendant des siècles, l'humanité a confondu cette interaction avec le sujet, le moi, la personnalité. Le sujet n'est qu'un des deux termes de la relation, l'autre est le milieu, l'environnement, l'esprit ne peut donc se réduire à aucun des deux termes, ni encore moins habiter l'un d'eux, car les interactions ne possèdent pas d'attribut d'extension (n'ont pas de res extensa, comme disait Aristote). <La psychologie occidentale a la mauvaise habitude de séparer les corps des fonctions des corps, conception issue essentiellement de la tradition judéo-chrétienne. En ce qui concerne les humains, leurs processus d'interaction avec le monde (créer un monde à travers le langage, à travers l'interaction avec autrui) n'étant pas susceptibles d'être identifiés de façon visible ("regarde: ici, il est entrain de penser"; "ceci est penser", "ceci est se souvenir", "ceci est créer", ceci est avoir une idée", etc.) on postula qu'ils avaient lieu ailleurs, parce que non visibles. (...)  Je pense que la position matérialiste est tout autant erronée que la position spiritualiste, le problème étant que la question n'est pas de nature ontologique. (...) tous les problèmes de "mal connaître" se réduisent à "mal manier" notre propre instrument de connaissance, c'est-à-dire le langage. Cela revient à philosopher autrement. On se focalise alors non pas sur les questions :"où se trouve le mental?", "qu'est-ce que le mental?" ou encore " le mental et le comportement sont-ils incompatibles?", "le mental et la conscience sont-ils des termes qui n'ont pas de correspondances avec les choses existantes?", mais sur le fait que le mental et la conscience sont des termes qui ont un sens dans les pratiques ordinaires des gens. Et dans ces pratiques ordinaires des gens, ces mots, comme l'attestent l'étymologie ou la philologie, n'ont rien à voir avec des entités, ni transcendantes ni non transcendantes: ils ont à voir avec les échanges réciproques et leurs circonstances, entre les personnes et le monde, d'une part, les personnes entre elles d'autre part (...) 
 


(...) en réalité, tout ce qui se trouve désigné par les termes d'esprit, de mental ou d'âme ne possède pas d'observabilité comme caractéristique. Non pas parce qu'ils seraient invisibles,mais parce que cela n'a pas tout simplement de sens de parler de la visibilité ou de l'invisibilité d'une relation.. Iñesta considère que l'on fait une erreur catégorielle, et invite à relire Aristote, qui définit le concept d'âme comme puissance en acte. Le concept de puissance implique que l'on a une structure formelle et matérielle, mais que la fonction ne s'établit qu'au moment où l'on entre en contact. C'est ça, l'âme! L'âme, on peut l'identifier lorsqu'elle se traduit en acte. Dans la puissance il n'y a pas d'âme: il y a le corps. Donc l'âme n'est pas une substance différente qui se trouve dans le corps: c'est le corps en relation (...) Quand vous frottez une allumette contre le grattoir de sa boîte, une flamme surgit. Cela vous viendrait-il à l'esprit de vous demander où se trouvait la flamme auparavant, dans l'allumette ou dans le grattoir? Cette question n'a strictement aucun sens, car la flamme ne se trouvait ni dans l'une ni dans l'autre: elle est le produit d'une interaction entre les deux. (extraits de Les Nouveaux Psys, Editions des Arènes, 2008). 
 
La mécanique quantique force les physiciens à devenir de nouveaux philosophes. La théorie du quantum explique la base physique de la conscience - dans les cellules de micro formations tubulaires; l'esprit n'est pas de la matière, mais la conscience et la matière sont liées indissolublement, le mouvement conscient et l'onde quantique constituent le même événement. Comme observait Einstein: une découverte n'est pas le fait de la pensée logique, même si le produit final est relié à la forme logique. La question est si la conscience représente quelque chose qui subsiste au-delà du cerveau, puisque la neuroscience affirme que l'expérience consciente n'est pas possible pendant l'état d'inconscience physique (The Mind vs.Brain Debate). 
Dans le yoga, l'esprit est considéré comme de l'énergie vibratoire, un élément non physique, qui contient l'aura, et qui a un effet énergétique sur le corps physique (The Electromagnetic Field Around Every Person Becomes Depleted with Unhealthiness ).
 
Des études récentes ont mis en évidence la façon dont notre esprit peut agir sur notre corps, et en même temps, ont ajouté de nouvelles observations à l'effet placebo. Ainsi, les chercheurs ont découvert que les gens qui avaient pris un placebo tout en étant informés, avaient moins de symptômes parce qu'ils avaient la conscience de "prendre quelque chose". On connaît très bien maintenant les bénéfices de l'optimisme dans la guérison, dans le renforcement du système immunitaire, dans l'espérance de vie, en général, tout comme il est communément accepté que les pensées négatives, l'anxiété peuvent déclencher des maladies : par exemple, le stress augmente le risque de diabète et de démence. C'est le fonctionnement du système nerveux sympathique (réaction fight or flight) et du système parasympathique (réaction rest and digest). Le débat actuel glisse sur le terrain des croyances positives, et de leurs effets sur la santé: elles ne feraient pas que réprimer le stress, mais elles induiraient des effets bénéfiques tels que le sentiment de sécurité, de confiance. Par exemple, on a pu observer le rôle des illusions sur notre santé (on parle du self-reinforcement bias, qui, par ailleurs, est important dans le maintien de l'Estime de soi). L'isolement et la solitude (sauf quand il s'agit de l'acte de créer, ou de méditer) peuvent également affecter la santé, en devenant toxiques. Mettre fin à son isolement n'est pas forcément passer davantage de temps avec les gens (car se trouver parmi des étrangers hostiles est tout aussi dangereux qu'être seul), c'est une question d'attitude, de comportement: les gens isolés deviennent plus sensibles aux menaces sociales, et voient les autres comme potentiellement dangereux. S'attaquer au comportement (perception, causes) réduit l'isolement de manière plus efficace que donner aux gens des occasions pour interagir, ou leur apprendre des compétences sociales (pensons aux effets mitigés des réseaux sociaux). Bien entendu, le plus frappant effet que nos croyances peuvent avoir sur notre corps est en relation avec le sens que nous donnons à notre vie, avec le but que nous nous fixons.
 

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