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01/12/2020

L'incertitude est la seule certitude

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(Photo- Les Galeries Lafayette rouvrent après le second confinement)

Dans cette note, j'ai adapté deux articles américains (voir les références à la fin), en espérant que leur pragmatisme et leur optimisme nous seront bénéfiques.

Joyeux Noël ! Bonne fin d’année à tous !


En temps de crise, il y a de plus en plus de gens qui se tournent vers les théories du complot. Presque 30% des Américains croient que l’actuel coronavirus a été créé en laboratoire dans le but de contrôler la population. Quand le mouvement Black Lives Matter est apparu en plein milieu de la pandémie, une autre vague de croyants a embrassé les théories du complot, en rapprochant les deux phénomènes, avec la rumeur que le milliardaire Soros avait instigué les protestations comme un prochain pas vers la domination mondiale. Les deux phénomènes, la Covid-19 et le racisme systémique présentent des dangers de vie ou de mort.

Pourquoi tant de gens se préoccupent de ces menaces qui n’ont pas de fondement dans la réalité ? Les psychologues disent que c’est lié, d’une part, à l’importance des menaces réelles. Les études montrent que les théories du complot ont tendance à faire boule de neige en temps de crise, quand la peur gagne du terrain et que les explications claires sont presque absentes.  Ces théories fleurissent parce qu’elles offrent un narratif simple et quelqu’un à blâmer. Mais les chercheurs commencent à s’intéresser davantage à ces théories et à leurs mécanismes, car il apparaît clairement qu’elles ne sont pas une méthode innocente de gérer l’inconnu. Elles peuvent avoir des conséquences préjudiciables dans la vie réelle.

Au centre de toute théorie du complot réside l’idée qu’une personne puissante ou un groupe est en train de tramer un plan lâche. Et presque tout ce qui fait les gros titres des journaux peut nourrir ces théories, surtout quand il y a de la place pour la confusion sur les faits réels. La pandémie de coronavirus est un terrain fertile pour ce genre de raisonnement. « C’est effrayant, incompréhensible, et ça se passe à très grande échelle », dit Roland Imhoff, psychosociologue à l’Université Gutenberg en Allemagne, « et devant le niveau de panique de la pandémie, nos esprits ont tendance à aller chercher des explications qui répondent à l’intensité de nos émotions. Dire que le monde s’est arrêté parce qu’un tout petit virus a sauté d’une chauve-souris à un autre animal et ensuite à un homme sur un marché chinois paraît trop insignifiant comme explication. Mais une théorie du complot qui a des milliers de gens qui sont de mèche, ça semble plus logique ».

Il y a eu des théories du complot au temps des crises sanitaires précédentes, l’épidémie du SIDA, ou le virus du Zika, mais à présent elles sont plus séduisantes que la vérité parce qu’elles offrent la possibilité du contrôle, dit Imhoff. « Nous pouvons contrecarrer un plan méchant, du moins hypothétiquement. Mais nous ne pouvons pas contrecarrer les forces invisibles de la nature.  Les théories du complot font une promesse tentante : il suffit de de dire stop au méchant et de reprendre votre vie en mains. C’est ce que nous voulons tous, et c’est là un narratif séduisant, facile à acheter. Vous n’avez qu’à stopper Bill Gates à polluer les ondes avec la 5G et nous pourrons à nouveau sortir dehors et nos enfants retourner à l’école. »

Il n’est pas étonnant que tant de gens soient actuellement les esclaves de ce schéma narratif. Néanmoins, des études montrent que certaines personnes sont particulièrement enclines à ces croyances, même sans l’incertitude justifiée par une crise sanitaire globale. Les chercheurs ont découvert que cette mentalité du complot est corrélée avec des traits de personnalité spécifiques, comme des niveaux bas de confiance et un fort besoin de fermeture, de sentiments d’impuissance, de basse estime de soi, de raisonnement paranoïaque, et le besoin de se sentir unique. « Il s’agit d’une perception du monde qui consiste à croire que rien ne se passe sans raison et sans qu’il y ait des forces sinistres à l’œuvre derrière le rideau », dit Imhoff. « C’est une interprétation figée, peu importe ce qu’il se passe en réalité. Ce sera toujours leur interprétation. » 

La moitié de la population américaine croit au moins à une conspiration politique ou médicale, il serait donc difficile de considérer ces croyances comme anormales, considère le psychiatre Joseph Pierre de l’UCLA. « Ce qu’il faut souligner, c’est que nous avons tous un besoin de fermeture, d’unicité, d’acceptation. [Le terme « besoin de fermeture/de clôture » a été proposé en 1990 par le psychologue social Arie Kruglanski, et il se réfère à un cadre de prise de décision qui vise à trouver une réponse sur un sujet donné afin d’atténuer la confusion et l’ambiguïté. Quand nous cherchons la clôture, nous cherchons des réponses quant à la cause d’une certaine perte afin de résoudre les sentiments douloureux qu’elle a créés]. Il s’agit plutôt du fait que ces trois besoins ou biais sont plus forts chez ceux qui croient aux théories du complot. Quand les gens perdent confiance dans les leurs responsables officiels, leur quête de réponses les entraîne « dans le trou du lapin ». La plupart des théoriciens du complot cherchent des réponses et trouvent celles qui résonnent avec la méfiance qui les a poussés à chercher, plutôt qu’ils n’échafaudent des théories.

Les psychologues pensent que la croyance en conspirations n’est pas dangereuse ou fausse, en soi. Après tout, parfois les puissants trament des plans secrets. Si Edward Snowden n’avait pas suspecté de hauts officiels du renseignement américain être engagés dans une gigantesque écoute électronique, il n’aurait pu exposer le programme réel de surveillance de la NSA. Imhoff dit que le scepticisme à l’égard des responsables politiques est un aspect de la démocratie saine. Cela permet de vérifier et de prévenir les abus, et donc de protéger la population; mais les gens qui ont un esprit conspirationniste ne font confiance à personne, et particulièrement aux experts. Ce qui devient problématique quand cela mène à une érosion de la crédibilité qui met les scientifiques au même niveau que n’importe qui vient poster une vidéo sur You Tube. « Si moi, je crois un scientifique, et toi, tu crois le type sur YouTube, nous nous ne trouvons pas sur un terrain commun. Or, pouvoir partager une compréhension de la réalité est essentiel pour la société, sans quoi il n’y a plus de place pour la vérité. C’est un énorme danger », dit Imhoff.

Plus inquiétant encore, le raisonnement conspirationniste est corrélé à la tendance aux pensées et aux fantasmes violents et même à la violence réelle. Le politologue Joseph Uscinski de l’Université de Miami a montré que les gens qui ont en général tendance à croire aux théories du complot sont deux fois plus nombreux que les non croyants à approuver la violence comme forme de protestation politique. Des dizaines de tours 5 G ont été vandalisées en Grande Bretagne à cause de la théorie que la technologie 5G est utilisée pour répandre le virus... Les rapports entre les théories du complot et les dommages dans le monde réel sont évidents. « Nous ne pouvons plus nous contenter de les considérer comme de petites choses insignifiantes, sans danger - dit la psychosociologue Karen Douglas de l’Université de Kent. Certaines sont très populaires -la croyance que le changement climatique est un canular, ou que les vaccins sont dangereux, ces croyances ont des conséquences réelles, vous ne pouvez pas juste les rejeter ».

Les croyants aux multiples théories sur le Coronavirus ont une chose en commun, le refus de suivre les indications des officiels de santé : les gens respectent moins la distanciation sociale ou soutiennent moins les mesures de santé publique pour limiter la contagion, trouve la chercheuse Anni Sternisko et ses collègues de l’Université de New York. Souvent, les gens qui croient que le virus est un canular croient aussi que c’est une arme biologique. La spécificité de la croyance à une conspiration est que les gens sont capables d’embrasser plusieurs théories simultanément, même si ces théories se contredisent ou semblent impossibles logiquement. C’est ce qu’a montré Karen Douglas dans une étude publiée en 2012 : « L’idée essentielle de la plupart des théories du complot est que la ligne officielle n’est pas digne de confiance. Les détails ne comptent pas beaucoup. Vous devez être sur vos gardes devant l’explication officielle ». Elle dit aussi que, pour les croyants, adopter ces théories est un moyen inefficace de gérer nos anxiétés. Elles peuvent offrir un certain sentiment de certitude, mais elles nous font croire que des forces maléfiques sont derrière nous, ce qui est souvent plus effrayant que la vérité. Et cela peut nous faire nous sentir plus incertains, sans contrôle, c’est cyclique.

Comment faire pour arrêter la propagation des théories du complot ? C’est un problème majeur à présent, reconnaissent les chercheurs. Après tout, les théories du complot ont toujours existé et aucune quantité de preuve n’est capable de changer la croyance des gens qui pensent que l’atterrissage sur la Lune est une mise en scène, ou que l’assassinat de JFK était le résultat d’une conspiration de l’Etat profond. La différence, c’est que l’enjeu n’a jamais été aussi grand quand il s’agit de croire la désinformation. Croire que la Terre est plate, ou que l’arrivée sur la Lune n’a jamais eu lieu, personne n’est mort à cause de cela. Mais dans une pandémie vous pouvez avoir des morts à une échelle importante si les gens croient que la pandémie est un canular, affirme le psychosociologue Jay van Bavel, de l’Université de New York. En plus, les théories du complot se diffusent plus vite que jamais, en partie à cause des médias sociaux, ce qui fait que la fausse information sur ces réseaux atteint une plus large audience que l’information exacte.

Cependant, les médias sociaux ne sont pas les seuls responsables de la propagation de ces théories, affirme le politologue Joseph Uscinski. Nous ne pouvons dire exactement si les théories du complot ont davantage d’influence de nos jours que dans le passé. Le fait que les médias sociaux propagent de telles théories plus loin et plus vite ne signifie pas qu’une plus grande proportion de gens vont les croire finalement. « Quand nous faisons un sondage sur la conspiration de l’atterrissage sur la Lune, nous trouvons seulement 5% de gens qui croient ça. Etant donné que tout le monde connaît cette information, donc 100%, on s’attendrait à ce que le nombre soit plus important. Alors, pourquoi ce n’est pas le cas ?  Parce que les gens ont des filtres. Ils ne croient pas tout ce qu’ils lisent. »

D'autre part, interdire les individus qui portent ces théories pourrait leur donner plus de crédibilité parmi ceux qui sont prédisposés à croire aux conspirations. (Facebook et Twitter l’ont fait avec le complotiste Alex Jones qui avait clamé que la tuerie de Sandy Hook était une mise en scène – la tuerie à l’école primaire, le 14 décembre 2012, qui a fait 28 morts, dont 20 enfants, n’aurait jamais eu lieu, c’était une mise en scène orchestrée par Barack Obama, associé au gouvernement mondial en vue de mettre en place le contrôle des armes). Sternisko pense que les efforts les plus fructueux pour lutter contre ces théories donnent aux gens les outils nécessaires pour interroger eux-mêmes les fausses affirmations. « Nous devons rendre les gens plus éduqués par rapport aux connaissances scientifiques et aux médias, et cette éducation doit être faite tôt. Il est évident que l’enseignement de la pensée critique fonctionne en rendant les gens moins suspicieux. » (Uscinski) A l’heure actuelle, les gens essayent de donner du sens à une période de peur, de confusion. S’ils sont équipés avec des faits, ils vont se sentir moins impuissants, et les théories du complot auront difficilement prise sur eux. « Plus nous apprenons sur le virus, moins les gens auront d’espace à remplir avec des théories conspirationnistes. S’il existe beaucoup d’informations qui contredisent leurs notions fausses, les gens se verront obligés de mettre à jour leurs croyances. Ils veulent comprendre et avoir une certitude. »

Pour gérer l’incertitude

Que pouvons-nous faire quand les choses semblent échapper à notre contrôle ? Il est difficile de vivre dans l’incertitude. Les êtres humains ont besoin d’information sur le futur de la même façon qu’ils ont besoin de nourriture, de sexe, et d’autres récompenses de base ; notre cerveau perçoit l’ambiguïté comme une menace, et il essaie de nous protéger en diminuant notre capacité à nous concentrer sur autre chose que la construction d’une certitude. Les études montrent que l’incertitude de l’emploi, par exemple, a un impact plus important sur notre santé que la perte de l’emploi. De même, les volontaires participant à une étude à qui on a dit qu’ils auraient 50% de probabilités de recevoir un choc électrique douloureux se sentaient beaucoup plus anxieux et nerveux que ceux qui étaient sûrs de recevoir un choc électrique.

Il n’est donc pas surprenant qu’il existe tant d’industries qui se dévouent à remplir les espaces blancs de notre avenir. Regardons la popularité des applications astrologiques, ou les consultations en management dédiées à la planification stratégique. Les fondamentalistes religieux opposent à l’anxiété des règles et des vérités sans ambiguïté. Les théories du complot nous fournissent des explications simples pour des phénomènes complexes.

Mais souvent, peut-être toujours, il est plus efficace de ne pas chercher à créer de la certitude. Bien que notre évolution ait façonné notre cerveau pour résister à l’incertitude, en réalité nous ne savons jamais de quoi l’avenir sera fait. Et dans des situations improbables comme une pandémie, qui a cassé nos routines et a mis à mal nos projets, nous avons besoin d’apprendre à vivre avec l’ambiguïté. « L’incertitude, c’est la seule certitude qui existe », écrit le mathématicien John Allen Paulos. Savoir vivre avec l’insécurité est la seule sécurité ».

Voici sept stratégies pour gérer quand tout nous paraît hors de contrôle.

1. N’opposons pas de résistance. Nous vivons une période de défis mais nous y opposer ne nous aidera pas à nous rétablir, à apprendre, à évoluer, à nous sentir mieux. Paradoxalement, la résistance ne fait que prolonger notre souffrance en amplifiant nos émotions, car ce à quoi on résiste, persiste. Il existe une alternative : au lieu de résister, pratiquer l’acceptation. Les chercheurs montrent que l’acceptation, surtout l’acceptation de soi, est un secret intuitif du bonheur, parce que l’acceptation, c’est aller chercher la vie où elle est, et avancer. Elle nous permet de regarder la situation du moment présent, elle nous libère pour que nous puissions continuer, aller plus loin, au lieu de rester paralysés ou inefficaces à cause de l’incertitude, de la peur ou de la contrariété. Pratiquer l’acceptation, c’est renoncer à notre résistance face à une situation problématique et ainsi à nos émotions liées à cette situation. Bien entendu, accepter n’est pas se résigner, accepter une situation ne signifie pas qu’elle ne sera jamais meilleure. Il s’agit d’accepter ce qui arrive au moment présent. Cela changera peut-être, ou non. En tout cas, pratiquer l’acceptation est un moyen efficace pour avancer.

2. Investissons en nous-mêmes. Nous sommes notre principal bien et nous devons prendre soin de cette ressource. Notre corps et notre esprit sont nos outils essentiels pour mener une vie meilleure. Nous devons nourrir les relations qui nous apportent de la connexion et du sens, dormir suffisamment, nous reposer quand nous sommes fatigués, nous détendre et jouer, juste pour le plaisir en soi. Prendre soin de soi ce n’est pas de l’égoïsme. Etre égoïste, c’est accorder une attention anxieuse à soi-même, c’est lié aussi au besoin d’argent, de pouvoir, d’approbation des autres, et c’est toujours accompagné de stress, de dépression, de soucis de santé.

3. Trouvons des moyens sains pour nous réconforter. Si nous devons rester flexibles, nous avons besoin de nous sentir en sécurité, autrement notre cerveau va essayer de nous sauver en activant les systèmes de dopamine, lesquels nous poussent à chercher des récompenses et à faire que les tentations soient encore plus fortes. Par exemple, notre cerveau nous pousse vers un réconfort comme un verre de vin ou des sucreries, ou un achat compulsif, au lieu d’une bonne sieste. Dressons une liste de ce qui pourrait nous apporter un peu de réconfort : du sport, appeler un ami, réfléchir à quelque chose qui va bien, regarder une vidéo drôle.

4. Ne croyons pas tout ce que nous pensons. Dans des périodes incertaines, il est important de ne pas croire aux pensées qui vont vers le scénario du pire, et cela parce que nous aurons tendance à réagir émotionnellement comme si ce scénario avait déjà lieu en réalité, et non dans nos têtes. Nous souffrons pour des choses que nous n’avons pas perdues, en fait, et nous réagissons à des événements qui n’ont pas eu lieu en réalité, et lorsque nous sommes seuls avec nos pensées nous nous sentons effrayés, menacés, en danger. La négativité est un biais qui peut aussi nous mener au désastre, en devenant une prophétie auto-réalisatrice. En plus, en pensant au scénario du pire, nous sommes trop effrayés pour saisir les opportunités ou pour réagir aux défis avec courage et créativité. Nous pouvons imaginer le meilleur scénario, nous pouvons trouver des côtés positifs à la place des ruminations, et contrecarrer ainsi notre tendance naturelle à surestimer les risques et les conséquences négatives.

5. Soyons attentifs. L’opposé de l’incertitude, ce n’est pas la certitude, mais la présence. Au lieu d’imaginer un futur inconnu et effrayant, nous pouvons nous concentrer sur notre respiration. Par exemple, en nous lavant les mains, nous pouvons nous demander : qu’est-ce que tu es en train de faire ? Observons nos émotions, l’endroit du corps où nous les ressentons, apportons de la curiosité et de l’acceptation à notre expérience. Même quand nous avons l’impression que tout nous échappe, nous pouvons toujours avoir le contrôle sur ce qui concentre notre attention. Nous pouvons laisser tomber les ruminations et le scénario négatif en participant à ce qui se passe au moment présent dans notre monde intérieur, et ainsi tenir à distance une réalité qui veut devenir notre vérité intérieure. Cela nous permet de cultiver le calme, l’ouverture d’esprit et l’absence de réactivité.

6. Arrêtons d’attendre quelqu'un pour nous secourir. Quand nous réagissons comme si nous étions impuissants, nous nous retrouvons piégés dans des narratifs qui nous laissent en colère et sans défense, et nous commençons à espérer que quelqu'un d’autre va nous sortir de notre malheur. Seulement, même s’il est réconfortant que d’autres s’intéressent à nous, la plupart des sauveurs ne sont pas d’un réel secours. Nos amis peuvent avoir de nobles intentions pour nous sauver -aider les autres procure un bon sentiment-, mais les sauveurs tendent à être plutôt des facilitateurs. Si nous-mêmes restons bloqués, ils peuvent jouer leur rôle d’être notre héros, ou bien nous aider les éloigne de leurs propres problèmes. Les sauveurs ont tendance à nous accorder la permission d’éviter de prendre la responsabilité de notre propre vie. D'autre part, les amis qui nous soutiennent affectivement (ou les thérapeutes) nous voient parfaitement capables de résoudre seuls nos problèmes. Ils posent les questions qui nous aident à nous concentrer sur ce que nous voulons, au lieu de ce que nous ne voulons pas. Bref, pour gérer au mieux l’incertitude, nous devons arrêter de nous plaindre. Quand nous abandonnons la fixation sur le problème, nous pouvons nous concentrer sur les solutions que nous souhaitons. Comment transformer cette situation pour le mieux ? Qu’est-ce que nous pouvons gagner de cette situation ? Quand nous prenons nos responsabilités, nous échangeons le faux pouvoir de la victimisation contre le vrai pouvoir consistant à créer la vie que nous voulons.

7. Trouvons du sens au milieu du chaos. Selon les psychosociologues, la définition du sens de notre vie serait une évaluation intellectuelle et émotionnelle que nous donnons à notre vie, en tant que but, valeur et impact. Nous sommes plus motivés par ce que nous signifions aux yeux des autres, nous travaillons mieux et plus longtemps et nous sommes plus heureux quant au travail que nous finissons si nous savons que d’autres bénéficient de nos efforts. Nous sommes aussi plus heureux quand nous arrêtons de penser beaucoup à nous et quand nous soutenons les autres. Et si quelque chose a besoin d’être amélioré, notre prochain pas serait de voir ce que nous pouvons y apporter personnellement, comment être part de la solution : quelles compétences, quels talents, ou même quels intérêts nous pourrons apporter à la solution ? Qu’est-ce qui compte réellement pour nous et comment pourrons-nous rendre service ? Le sens et le but sont les sources de l’espoir. Dans un monde incertain ou angoissant, savoir quel sens nous accordons aux autres et avoir un but peut nous retenir au sol mieux que toute autre chose. Ne nous résignons pas à notre souffrance tandis que nous attendons un vaccin. Qu’est-ce que nous avons toujours voulu faire, Quelle issue espérons-nous ? Comment pouvons-nous aménager une vie réelle dans tout cela ? Vivons cette vie.

 

Références : The Mind of a Conspiracy Theorist, dans Psychology Today, novembre 2020, et Seven Ways to Cope with Uncertainty, publié par Greater Good Science Center, juillet 2020

 

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